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D'Indonésie, le seul Français condamné à mort en appelle à Sarkozy

dépêche de presse du 16 avril 2008 - Agence mondiale d'information - AFP
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ILE DE NUSAKAMBANGAN (AFP) — "Je ne peux pas accepter cela". Du fond de sa prison sur une île indonésienne au bout du monde, Serge Atlaoui en appelle à Nicolas Sarkozy pour échapper au peloton d'exécution.

L'artisan soudeur de 44 ans est le seul Français condamné à la peine capitale sur la planète, selon l'association Ensemble contre la peine de mort (ECPM).

Il est détenu à 13.OOO kilomètres de son pays natal dans l'un des sept pénitenciers de Nusakambangan, une île au sud de Java surnommée "l'Alcatraz de l'Indonésie". Cette bande de terre sauvage, en grande partie couverte d'une forêt exubérante, est battue par les vagues de l'océan Indien.

La prison où est écroué Serge Atlaoui se nomme Pasir putih ("sable blanc"). Elle est qualifiée "de sécurité maximale". Personne n'a jamais réussi à s'en évader. On y recense 43 condamnés à mort.

Le Français arrêté en novembre 2005 risque d'être fusillé pour avoir travaillé près de Jakarta dans un laboratoire clandestin destiné à produire de l'ecstasy. Une infraction grave qu'il reconnaît tout en s'insurgeant contre le chapeau trop large que la justice indonésienne veut, dit-il, lui faire porter.

"Ils m'ont mis comme l'un des cerveaux. C'est absurde", lance Serge Atlaoui en affirmant qu'il était chargé d'entretenir du matériel tel que cuves, pompes et mixeurs. "Ils me signalaient quand il y avait une machine qui était défectueuse et je devais les contrôler", assure-t-il. "Moi mon boulot c'est la ferraille, tout ce qui touche à l'acier, c'est tout". "Je ne connaissais même pas le nom des produits chimiques qu'ils utilisaient, pour certains c'était la première fois que je l'entendais", insiste le condamné, vêtu d'un pantalon en jean et d'un tee-shirt blanc.

Il relate son procès "bâclé", les carences de traduction, les jugements en appel et en cassation pris en son absence; le verdict final qui l'assomme, en mai 2007. Et, par dessus tout, l'attente interminable d'une intervention extérieure porteuse d'une lueur d'espérance. "L'espoir? Un peu plus de volonté politique de la part de la France!", lance-t-il sous l'oeil de ses geôliers. "S'ils le font pour d'autres, ils peuvent le faire pour moi", dit-il en allusion aux interventions présidentielles en faveur des infirmières bulgares en Libye ou des otages en Colombie.

Pour la première fois la femme de Serge, Sabine Atlaoui, a pu se rendre sur l'île-prison. "Son dossier, il est bourré d'erreurs", se rebelle la femme de 34 ans au teint pâle et aux cheveux ramenés en queue de cheval. "Il veut bien être puni pour ce qu'il a fait mais pas pour des élucubrations, cela c'est clair. Sa condamnation, il l'acceptera que lorsque tout sera juste. Et moi c'est pareil", dit-elle aux côtés de son mari, qu'elle a épousé en prison.

"Personne n'a le droit de vie ou de mort sur qui que ce soit", martèle Sabine Atlaoui, qui confie toutefois être bien démunie.

"On nous dit bon il faut patienter, il y a la diplomatie qui se met en route, il y a ci, il y a ça, on fait confiance. Mais moi d'où je suis je ne vois rien, lui d'où il est il voit rien, il n'entend rien, donc on est dans l'attente, on sait pas quoi faire". L'avocate indonésienne du condamné espère une révision judiciaire du procès. "Nous sommes en train de réunir de nouveaux éléments de preuve, c'est encore incomplet", a déclaré à l'AFP Nancy Yuliana Sanjoto.

En France, Sabine Atlaoui et ses proches ont créé un comité de soutien et lancé une pétition sur l'internet. Richard Sédillot, un cadre d'ECPM, a accepté de défendre le Français. L'avocat prévoit de se rendre bientôt en Indonésie.
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