Plan du site

Guinée équatoriale: prolongation du procès du mercenaire britannique Simon Mann

dépêche de presse du 19 juin 2008 - Agence mondiale d'information - AFP
MALABO (AFP) - Le procès à Malabo du Britannique Simon Mann, accusé d'être le "cerveau" d'un coup d'Etat déjoué en 2004 contre le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, a été prolongé jusqu'à vendredi, alors qu'une lourde peine d'une trentaine d'années de prison attend le mercenaire.

Initialement prévu pour s'achever jeudi, à l'issue de trois jours d'audience, le procès a été renvoyé à vendredi, a constaté l'AFP.

Le président n'a pas indiqué si la prolongation se limitait à la seule journée de vendredi.

Dès l'ouverture des débats mardi, le procureur du tribunal de Malabo, où il a été jugé, a dans son réquisitoire estimé que le mercenaire était à la tête d'un groupe voulant "renverser le gouvernement légal".

Pour de tels faits, la loi équato-guinéenne prévoit au moins 30 ans de prison, voire la peine de mort. On s'attend à ce qu'une peine de cet ordre soit prononcée contre le mercenaire.

Le procureur général de l'Etat, José Olo Obono a expliqué qu'il ne pouvait demander la peine capitale car le Zimbabwe, d'où Simon Mann a été extradé en février, avait demandé à la Guinée équatoriale, qui s'y est engagée, de ne pas le condamner à mort.

Au cours du procès, Simon Mann formé à la prestigieuse école Eton puis à l'académie militaire de Sandhurst, ancien officier des forces spéciales britanniques SAS, a mis en cause les Etats-Unis, l'Afrique du Sud et l'Espagne, l'ancienne puissance coloniale, en soulignant que ces pays lui avaient donné leur "feu vert" pour renverser le président Obiang Nguema.

Simon Mann, habillé en tenue de prisonnier pendant tout la durée des audiences, a explique que Madrid "était prêt à 100% pour appuyer l'opération", ce que l'Espagne a aussitôt démenti, et que les Etats-Unis et "des compagnies pétrolières contactées" estimaient que le pays "n'était pas stable", un changement étant "le bienvenu".

Les "services secrets sud-africains" étaient aussi "parfaitement au courant" et lui avaient donné "le feu vert pour monter le coup", a-t-il dit.

L'opération aurait abouti à mettre en place l'opposant Severo Moto Nsa, plusieurs fois condamné pour tentatives de coup d'Etat et actuellement en prison à Madrid pour trafic d'armes à destination de Malabo.

Au fil des audiences, il n'a pas non plus épargné l'homme d'affaires Mark Thatcher, le fils de l'ex-Premier ministre britannique Margaret Thatcher, en déclarant qu'il faisait "partie intégrante du groupe" du complot et Mark Thatcher était chargé de transporter Severo Moto, résidant à Madrid, aux îles Canaries, puis au Mali dans l'attente d'un succès de la tentative.

Mann a aussi mis en cause un homme d'affaires britannique d'origine libanaise Elie Khalil, un homme qui "décidait de tout".

Vivant à l'étranger, Elie Khelil "pouvait agir et décider de tout sans nous consulter. Pour l'argent il donnait ce qu'il voulait, quand il voulait", a dit Simon Mann estimant "à 20 millions de dollars" le coût de l'opération.

Simon Mann avait été arrêté en mars 2004 en compagnie de 61 autres mercenaires présumés lorsque leur avion s'est posé à Harare au Zimbabwe.

Les autorités les avaient accusés d'être venus prendre livraison d'armes avant de rejoindre à Malabo une équipe dirigée par le Sud-Africain Nick Du Toit, qui y purge depuis 2004 une peine de 34 ans de prison.

Lors de son procès à Harare, où il a été condamné à 4 ans de prison, Mann avait affirmé qu'il se rendait avec ses hommes en République démocratique du Congo (RDC) pour assurer la sécurité de sites miniers.

Le président Obiang Nguema dirige le pays d'une main de fer depuis qu'il a renversé en 1979 son oncle Francisco Macias Nguema.

Souvent critiquée pour des violations des droits de l'Homme, la Guinée équatoriale, pays très fermé et pauvre, est devenue le troisième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne.
Partager…