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Appel historique à l'ONU pour la dépénalisation de l'homosexualité

dépêche de presse du 18 décembre 2008 - Agence mondiale d'information - AFP
NEW YORK (AFP) — Invoquant l'universalité des droits de l'homme, un tiers des pays du monde a lancé jeudi aux Nations unies un appel historique à la dépénalisation universelle de l'homosexualité, malgré l'opposition active de plusieurs Etats arabes et du Vatican.

Cet appel dont Rama Yade, secrétaire d'Etat française aux droits de l'homme, est l'une des inspiratrices, a été lancé devant l'Assemblée générale de l'ONU par l'ambassadeur d'Argentine, Jorge Arguello, au nom de 66 pays, répartis sur les cinq continents, qui l'ont signé. L'Assemblée compte 192 Etats membres.

Cette déclaration politique, qui n'engage que ses signataires, n'a pas un caractère contraignant mais place la question des droits des homosexuels, lesbiennes, bi-sexuels et transgenres à l'ordre du jour de l'Assemblée de l'ONU.

Parmi les 66 signataires figurent notamment tous les pays de l'Union européenne, le Brésil, Israël et le Japon. Mais ni la Chine, ni les Etats-Unis, ni la Russie n'y ont adhéré.

L'appel se fonde sur le principe d'universalité des droits de l'homme, consacré dans la Déclaration universelle de ces droits, dont on célèbre le 60e anniversaire cette année, et qui prévoit en son article premier que "tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits".

Il réaffirme "le principe de non-discrimination qui exige que les droits de l'homme s'appliquent de la même manière à chaque être humain, indépendamment de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre".

Les 66 pays "condamnent les violations des droits de l'homme fondées sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre, où qu'elles soient commises".

Ils dénoncent en particulier "le recours à la peine de mort sur ce fondement, les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, la pratique de la torture et autres traitements ou peines cruels, inhumains et dégradants, l'arrestation ou la détention arbitraire et la privation des droits économiques, sociaux et culturels, notamment le droit à la santé".

Après cette lecture, le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, Maxime Verhagen, et Mme Yade ont coprésidé une réunion de haut niveau afin de promouvoir cette déclaration.

"En ce XXIe siècle, comment accepter que des personnes soient pourchassées, emprisonnées, torturées et exécutées en raison de leur orientation sexuelle?" a lancé Mme Yade, qualifiant d'"historique" l'initiative des "66".

Elle a cependant reconnu que la tâche était "difficile", ayant pu constater, lors de la campagne pour l'adoption du texte, que celui-ci s'était "parfois heurté à l'incompréhension, voire à l'hostilité ouverte et au procès en sorcellerie".

"Les bûchers de l'intolérance sont partout et de toujours", a-t-elle ajouté avant de déplorer que l'homosexualité soit encore interdite et donc pénalisée dans 77 pays. La peine capitale est prévue dans 7 pays (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Iran, Mauritanie, Nigeria, Soudan, Yémen).

Lors de la préparation de cette déclaration, plusieurs pays arabes et le Vatican ont manifesté leur hostilité au texte.

Pour le Vatican, la déclaration répond à l'objectif légitime de bannir la répression de l'homosexualité. Mais en condamnant les "discriminations" et "préjugés" concernant les homosexuels, il risque à ses yeux de favoriser le mariage gay, l'adoption par des couples du même sexe ou la procréation assistée pour les homosexuels.

M. Verhagen a pour sa part salué le fait que "pour la première fois dans l'histoire, un groupe important d'Etats membres s'est prononcé à l'Assemblée générale contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle".

"Avec la déclaration d'aujourd'hui, a-t-il dit à la presse, cette question n'est plus un tabou aux Nations unies, elle est solidement inscrite à l'ordre du jour".

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