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Procès en appel d'Amina Lawal, condamnée à mort pour relations sexuelles hors mariage

dépêche de presse du 27 août 2003 - Associated Press - AP
Pays :
peine de mort / Nigéria
Thèmes :
KATSINA, Nigeria (AP) - Avec son bébé dans les bras, Amina Lawal est arrivée mercredi au tribunal de Katsina, dans le nord du Nigeria, pour le procès en appel après sa condamnation à la mort par lapidation pour avoir eu des rapports sexuels hors mariage.

Ce procès avait suscité de vives protestations d'associations de défense des droits de l'homme et d'organisations féministes dans le monde.

Environ 35 policiers anti-émeute assuraient la sécurité autour du tribunal envahi par la presse. Pendant l'audience, l'accusée, âgée de 32 ans, est apparue distraite, allaitant la fillette ou jouant avec elle et s'endormant même un moment. Le président du tribunal, ou Grand Khadi, Aminu Ibrahim, a déclaré que cette affaire n'avait "que trop duré"; "ce n'est pas bon (...) de laisser plus longtemps son destin dans la balance". L'accusée a alors regardé le juge, l'une des rares fois où elle a semblé s'intéresser à ce qui se passait autour d'elle.

Me Aminu Musa Yawuri, l'un de ses avocats, a plaidé l'acquittement, estimant que ses aveux n'étaient pas valables, personne ne lui ayant expliqué la nature du délit ni la peine encourue. Il a ajouté qu'en vertu de certaines interprétations de la loi islamique, un foetus pouvait connaître jusqu'à cinq ans de gestation, ce qui rendrait alors possible - quoique biologiquement improbable - que son ex-mari soit le père.

Le couple a divorcé deux ans avant la naissance de l'enfant. Amina Lawal avait été reconnue coupable en mars 2002 de rapports sexuels hors mariage après la naissance de la petite Wasila. Le père présumé de l'enfant a démenti toute responsabilité et a été acquitté.

La charia ayant été élargie ces dernières années à la justice pénale dans une dizaine d'Etats nigérians à majorité musulmane, la mère célibataire a été condamnée à être ensevelie dans le sable jusqu'au cou et lapidée à mort. Les juges ont repoussé l'exécution de la peine capitale jusqu'à ce que l'enfant soit sevré.

Le gouvernement fédéral nigérian a demandé la libération d'Amina Lawal, mais les responsables de l'Etat du Katsina, dont elle est originaire, ont tenu à ce que le processus d'appel suive son cours.

Le procureur du tribunal islamique Nurulhuda Mohammad Darma a estimé que la grossesse d'Amina Lawal et son statut de divorcée étaient une "preuve suffisante" qu'un adultère avait été commis. "Aucune autre excuse n'est acceptable", a-t-il déclaré à la cour.
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