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Un Américain sera fusillé aux États-Unis

dépêche de presse du 16 juin 2010 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Utah
Ronnie Lee Gardner
Agence France-Presse, Salt Lake City

Vendredi aux États-Unis, un condamné à mort va être attaché sur une chaise devant un peloton d'exécution, un événement très rare, vestige de pratiques d'«un autre âge» selon les abolitionnistes, dans un pays qui met à mort couramment par injection mortelle.

Ronnie Lee Gardner, 49 ans, a décidé le 23 avril qu'il préférait mourir sous les balles plutôt que par intraveineuse. L'État de l'Utah (ouest) a aboli cette méthode d'exécution en 2004 mais les habitants du couloir de la mort condamnés avant cette date conservent le droit de choisir entre les deux possibilités.

M. Gardner sera le troisième homme à être fusillé depuis le rétablissement de la peine de mort aux États-Unis en 1976, le 1217e en tout. La seule autre méthode encore utilisée aux États-Unis reste la chaise électrique, choisie par quelques rares condamnés dans les États où elle fonctionne encore.

Après lui, plusieurs des neuf condamnés à mort de l'Utah qui avaient sélectionné cette méthode avant 2004 pourront encore confirmer ce choix donnant lieu à de nouveaux pelotons d'exécution.

Même si elle devenue rarissime, l'exécution par balle connaît un rituel aussi rodé que les autres. À 00h05 locales (06H05 GMT), le condamné va être solidement attaché à une chaise, dans la chambre d'exécution. À moins de 8 mètres en face, cinq représentants des force de l'ordre armés de fusils, dont un avec des balles à blanc.

Une cible en tissu blanc sera épinglée sur son coeur, une bassine à ses pieds pour recueillir son sang, selon la presse locale. Lorsqu'il aura prononcé ses dernières paroles, sa tête sera recouverte d'une cagoule et les cinq bourreaux feront feu, sans savoir lequel provoquera la mort du condamné.

Les témoins présents ne pourront pas voir le visage des tireurs.

«Il est difficile de comprendre comment nous pouvons encore pratiquer cette forme de barbarie», explique à l'AFP Elisabeth Semel, professeur à l'université de Berkeley et spécialisée dans les questions de peine de mort. «Le peloton d'exécution est tellement anachronique !», ajoute cette spécialiste opposée à la peine capitale.

Selon elle, être fusillé est la méthode la plus rapide et la moins douloureuse de mourir.

En 1977 et plus récemment en 1996, deux condamnés à mort avaient déjà réclamé le peloton d'exécution. L'Utah a exécuté six personnes depuis 35 ans.

«L'Utah est un état à prédominance mormone, ses choix politiques sont très influencés par les mormons et dans cette religion, l'idée de l'expiation par le sang est très significative», explique Mme Semel, en rappelant toutefois que plusieurs responsables de l'Eglise mormone ont publiquement condamné l'exécution de vendredi.

Ronnie Gardner a été condamné en 1985 pour le meurtre d'un avocat pendant qu'il tentait de s'enfuir du tribunal où il était jugé pour un meurtre l'année précédente lors une attaque à main armée.

La famille de la victime, Michael Burdell, réclame la commutation de sa peine en prison à vie. «Si les droits des victimes existent bien, Michael n'aurait pas voulu que Ronnie Lee soit exécuté», a déclaré son ancienne compagne lors d'une audience devant le comité des grâces de l'Utah.

«Le peloton d'exécution attire beaucoup d'attention, c'est pourtant une anomalie qui arrive dans un contexte où la peine de mort est elle-même sous le feu des critiques», a assuré à l'AFP Diann Rust-Tierney, directrice de la Coalition américaine pour l'abolition de la peine de mort.

«Les gens regardent différemment aujourd'hui la manière dont nous dépensons nos maigres ressources pour une poignée de condamnés», a-t-elle ajouté, en rappelant le coût exorbitant de la peine de mort aux États-Unis.
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