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Iran: la justice suspend la peine de mort par lapidation d'une femme

dépêche de presse du 11 juillet 2010 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Iran
TEHERAN — La justice iranienne a décidé de suspendre l'application de la peine de mort par lapidation prononcée contre une femme de 43 ans notamment reconnue coupable d'adultère, a annoncé dimanche l'agence officielle Irna, citant un responsable judiciaire.

"Bien que le jugement soit définitif et applicable, le verdict a été suspendu pour des raisons humanitaires et sur ordre (...) du chef de l'autorité judiciaire et il ne sera pas appliqué pour le moment", a déclaré Malek Ajdar Sharifi, responsable judiciaire pour la province d'Azerbaïdjan oriental.

Sakineh Mohammadi-Ashtiani a été condamnée à mort en 2006 pour "adultère", mais aussi "meurtre et crimes", selon Irna.

Sa peine a été confirmée en 2007 par la Cour suprême, mais une vaste campagne internationale cherche actuellement à lui éviter ce châtiment.

Cité par Irna, Malek Ajdar Sharifi a souligné que la décision de ne pas appliquer la peine demeurait temporaire, et que les crimes dont avait été reconnue coupable Sakineh Mohammadi-Ashtiani étaient "atroces".

"Si à n'importe quel moment le chef de l'autorité judiciaire le juge opportun, le verdict sera appliqué sans tenir compte de la propagande des médias occidentaux", a affirmé ce responsable provincial.

Mme Mohammadi-Ashtiani n'est "pas seulement accusée de relations illégales, mais a commis de nombreux crimes atroces", a dit Malek Ajdar Sharifi, l'accusant notamment du meurtre de son mari.

"Si nous devions détailler les crimes commis, le public comprendrait l'inhumanité et le caractère criminel" de cette femme, a-t-il ajouté.

"Le meurtre de son mari est tellement horrible que se contenter de lui trancher la tête aurait été mieux que ce qu'elle a fait", a-t-il déclaré.

La défense affirme, elle, que Sakineh Mohammadi-Ashtiani a été reconnue coupable de "complicité" dans ce meurtre "car elle se trouvait dans la maison" au moment des faits. Elle ajoute que ses enfants l'ont pardonnée.

En Iran, si la famille de la victime pardonne l'accusé, celui-ci peut être pardonné ou condamné à une peine de prison s'il s'agit d'un meurtre.

Vendredi, le chef du bureau des droits de l'Homme de la justice, Mohammad Javad Larijani, avait indiqué que la peine de lapidation était en "cours de révision". "Elle a été condamnée à 90 coups de fouet par un tribunal et à la lapidation par un autre, le verdict est en cours de révision", avait-il dit.

Mais l'avocat de l'Iranienne avait déclaré samedi ne pas avoir été informé. "Il n'y a aucune garantie qu'il y aura un arrêt", avait avancé Mohammad Mostafai.

Mme Ashtiani a été condamnée le 15 mai 2006 pour avoir eu "une relation illégale" avec deux hommes après la mort de son mari. Elle a reçu des coups de fouet, conformément à sa sentence.

La sentence de lapidation a suscité de nombreuses condamnations de par le monde, Washington et Londres en tête.

Les Etats-Unis se sont dits vendredi opposés à toute condamnation à mort pour adultère. La lapidation "est un acte barbare et odieux", a déclaré à Washington un porte-parole du département d'Etat, Mark Toner.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a qualifié jeudi la sentence de "moyenâgeuse".

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, "révolté", a appelé les responsables iraniens à ce que "le sentiment d'humanité l'emporte".

Les enfants de la condamnée ont mené une campagne internationale pour sa libération, qui "progresse bien", a déclaré son fils Sajad au Guardian jeudi.

Le Times avait lancé une campagne pour faire annuler la lapidation et publié une lettre ouverte signée par plus de 80 personnalités.

Les acteurs américains Robert de Niro et Robert Redford, ou encore l'actrice française Juliette Binoche figurent au nombre des signataires.

Au moins huit autres femmes et trois hommes courent le risque d'être lapidés en Iran, selon Amnesty International.
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