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Paris lance en grande pompe une campagne internationale anti peine de mort

dépêche de presse du 9 octobre 2012 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / France
PARIS (AFP) - Avocats, diplomates, juristes ou militants se retrouvent mardi au Quai d'Orsay pour le lancement officiel d'une campagne internationale pour l'abolition de la peine capitale, toujours appliquée dans une soixantaine de pays et territoires dans le monde.

Des centaines de personnes, dont des avocats de condamnés iranien, chinois, japonais ou américain, un ex-condamné à mort marocain, des ambassadeurs et des activistes se retrouveront en fin de journée sous les lambris du ministère des Affaires étrangères, qui a pris l'initiative de de cette campagne.

Entamée avec un message du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, la soirée devait s'achever avec un discours de l'ancien garde des Sceaux français Robert Badinter, dont le nom reste associé à l'abolition de la peine capitale en France en 1981.

"On peut y voir un passage de témoins entre la génération des Badinter et celle des avocats qui défendent aujourd'hui les condamnés à mort dans tous les pays", a expliqué à l'AFP l'ambassadeur de France aux Droits de l'Homme François Zimeray.

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius avait déjà organisé fin septembre une rencontre sur l'abolition avec une cinquantaine de pays en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.

Au-delà de l'aspect multilatéral, Paris a fixé des "instructions très fermes à ses ambassades pour mobiliser leurs moyens et services culturels autour de cette thématique" de l'abolition, selon M. Zimeray. "Il ne s'agit pas de donner des leçons de droits de l'Homme, mais de partager notre expérience, et de rappeler que l'abolition est un combat long et difficile qui exige du courage politique", ajoute-t-il.

Un combat fluctuant également, rappelle une source diplomatique, citant les revirements du Japon ou de la Gambie, le premier ayant repris les exécutions en 2012, la seconde appliquant une politique erratique alternant mises à mort et moratoire.

Les pays du Maghreb, Tunisie, Maroc et Algérie, qui appliquent un moratoire de facto depuis près de 20 ans, ne s'engagent toujours pas en faveur de l'abolition, déplore également cette source.

La Chine, l'Iran, les Etats-Unis, sont évidemment toujours cités parmi les pays qui exécutent les condamnés.

En revanche, les abolitionnistes notent "des signes encourageants" avec le Bénin, qui a ratifié en juin le protocole d'abolition, l'Afrique subsaharienne "qui pourrait devenir le prochain foyer abolitionniste" avec les ralliements rwandais, burundais et centrafricain. Ils évoquent aussi la Californie, où un référendum sur la peine capitale est prévu le mois prochain.

Les résultats de cette campagne abolitionniste se mesurent aussi "en terme d'Etats qui peuvent basculer", souligne M. Zimeray, qui rappelle qu'aujourd'hui deux tiers des 193 pays de l'ONU n'appliquent plus la peine capitale, contre un tiers il y a une décennie.

Du côté des militants et des ONG, on se félicite de cette visibilité nouvelle donnée au combat contre la peine de mort, alors que la journée mondiale anti peine capitale est célébrée mercredi 10 octobre. "Il ne faut pas que ça reste symbolique et nous attendons que la France s'implique effectivement et continue à inciter tous les Etats hésitants", souligne la directrice adjointe d'Ensemble contre la peine de mort (ECPM), Ariane Grésillon.

ECPM, partenaire de la campagne, prépare le premier congrès régional sur la peine de mort en novembre à Rabat et le congrès mondial en juin à Madrid.

L'organisation profitera également du sommet de la Francophonie à Kinshasa à la fin de la semaine pour organiser un événement dans un pays où le débat sur l'abolition suscite de "fortes réactions de rejet", rappelle Mme Grésillon.
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