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CPI: trois témoins congolais demandeurs d'asile expulsés des Pays-Bas vers la RDC

dépêche de presse du 7 juillet 2014 - Agence mondiale d'information - AFP
Kinshasa - Trois Congolais ayant témoigné en 2011 devant la Cour pénale internationale puis demandé l'asile aux Pays-Bas sont arrivés lundi en République démocratique du Congo, après avoir été expulsés malgré des craintes pour leur sécurité, a-t-on appris à l'aéroport de Kinshasa.

Les trois hommes, Floribert Ndjabu, Pierre Célestin Mbodina et Manda Charif, sont arrivés à l'aéroport international de Ndjili à bord d'un vol spécialement affrété, vers 02Hh00 (01H00 GMT), a-t-on indiqué de sources aéroportuaires. Ils ont aussitôt été pris en charge par la police qui les a conduits à la prison militaire de Ndolo, dans la capitale congolaise, a-t-on ajouté.

L'expulsion de MM. Ndjabu, Mbodina et Charif marque la fin d'un casse-tête judiciaire de plus de trois ans pour la CPI et son pays hôte, les Pays-Bas : ces anciens miliciens avaient été les premiers témoins de la CPI, entrée en fonction en 2003 à La Haye, à demander l'asile aux Pays-Bas.

Tous trois disaient craindre pour leur vie après avoir incriminé le président congolais Joseph Kabila dans leur témoignage et refusaient dès lors d'être renvoyés dans leur prison à Kinshasa.

Nous sommes vraiment déçus, a déclaré à l'AFP Goran Sluiter, un des avocats des trois hommes.

Au terme d'une longue procédure impliquant aussi bien la CPI que les autorités néerlandaises, le Conseil d'Etat néerlandais avait décidé le 27 juin que les trois témoins pouvaient être renvoyés en RDC.

Les juges avaient estimé que la RDC avait fourni suffisamment de garanties quant à leur sécurité, notamment qu'ils ne seraient pas condamnés à mort.



Plusieurs ONG avaient pourtant appelé le gouvernement néerlandais à ne pas les renvoyer en RDC. Les trois hommes se trouvaient dans un centre de détention néerlandais depuis le 4 juin après avoir résidé depuis mars 2011 au centre de détention de la CPI.

C'est décevant que le gouvernement néerlandais ait pris le risque d'être complice de possibles violations des droits de l'Homme, a affirmé Géraldine Mattioli-Zeltner, de l'ONG Human Rights Watch.

Etre le pays hôte de la CPI et un fervent défenseur des droits de l'Homme demande de faire des efforts, a-t-elle ajouté.

Interrogé par l'AFP, le ministère néerlandais de la Justice a confirmé l'expulsion des trois Congolais ces derniers jours, sans en préciser la date. La CPI, elle, n'a pas souhaité réagir.

Nicole Sprokel, d'Amnesty International, a pour sa part soutenu qu'il était de la responsabilité du gouvernement néerlandais de s'assurer que les engagements (de la RDC, ndlr) soient respectés.

Les trois hommes avaient témoigné en mars 2011 dans le procès pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre de deux chefs de milice congolais, Mathieu Ngudjolo Chui et Germain Katanga. M. Ngudjolo a finalement été acquitté tandis que M. Katanga a été condamné à 12 ans de prison.

Les trois Congolais avaient aussi incriminé le président Kabila dans leur témoignage, l'accusant d'une attaque en 2003 dans l'est de la RDC.

Les autorités congolaises affirment que les trois hommes n'ont rien à craindre dans leur propre pays.
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