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Pakistan: nouvelles exécutions malgré les protestations de l'UE

dépêche de presse du 18 mars 2015 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Pakistan
Islamabad - Les autorités pakistanaises ont pendu mercredi neuf autres condamnés à mort, malgré les vives protestations de l'Union européenne et d'organisations de défense des droits de l'Homme qui dénoncent la levée récente du moratoire sur la peine capitale, en vigueur depuis 2008.

Au moins neuf condamnés à mort dans différentes affaires ont été pendus mercredi matin dans les prisons de la province du Pendjab, la plus peuplée du Pakistan, ont annoncé à l'AFP les autorités carcérales, portant ainsi à 48 le nombre d'exécutions dans le pays depuis la mi-décembre.

En réponse au raid des talibans contre une école de Peshawar (nord-ouest), qui a fait 154 morts le 16 décembre dernier, le Pakistan avait levé partiellement le moratoire sur la peine capitale, pour les seules affaires de terrorisme, avant de le lever complètement la semaine dernière.

Mardi, le Pakistan avait pendu douze condamnés à mort, bilan le plus lourd depuis la reprise des exécutions au Pakistan, où 8.000 condamnés à mort croupissent dans les prisons dont 1.000 qui ont épuisé tous leurs recours juridiques.

A ce rythme, le Pakistan deviendra l'un des plus grands bourreaux du monde, un club honteux auquel aucun pays ne devrait aspirer, a écrit dans un communiqué David Griffiths, vice-directeur d'Amnesty International pour l'Asie, en appelant les autorités d'Islamabad à rétablir le moratoire sur la peine capitale.

L'Union européenne a, elle, exhorté le Pakistan à rétablir le moratoire sur la peine de mort et à respecter ses engagements internationaux qui lui interdisent spécifiquement le recours à la peine capitale pour des crimes commis par des personnes âgées de moins de 18 ans.

Le Pakistan avait d'ailleurs obtenu l'an dernier de l'Union européenne le statut GSP+ qui exempte de taxes ses exportations de textile, ce qui lui a permis d'augmenter d'un milliard de dollars ses ventes en Europe, en s'engageant entre autres à maintenir son moratoire sur la peine de mort.


L'un des cas symboliques évoqués par les diplomates européens et des organisations de défense des droits de l'Homme est celui de Shafqat Hussain, condamné à mort à l'adolescence, selon son certificat de naissance, et dont l'exécution est prévue jeudi.

En 2004, cet adolescent issu d'un village pauvre du Cachemire avait été condamné à la peine capitale par un tribunal antiterroriste pour le meurtre d'un enfant à Karachi, métropole du sud où il gardait un immeuble, après avoir fait de faux aveux sous la torture selon sa famille et ses avocats qui plaident son innocence.

Dans une lettre au ministre de l'Intérieur, Chaudhry Nisar, l'organisation Justice Project Pakistan (JPP), qui défend Shafqat Hussain, a appelé mercredi le gouvernement à geler cette exécution et à rouvrir l'enquête dans cette affaire.

J'implore le gouvernement de ne pas pendre mon fils, de ne pas susciter davantage la colère d'une mère déjà éplorée. En pendant des innocents, on ne met pas fin au terrorisme, mais on ne fait qu'y ajouter, a déclaré à l'AFP Makhni Begum, la mère de Shafqat Hussain.

Dans une tribune sur Shafqat Hussain publiée dans le New York Times, l'auteure Fatima Bhutto, petite-fille de l'ex-Premier ministre Zulfikar Ali Bhutto, pendu en 1979 par la junte militaire, et nièce de l'ex-Première ministre Benazir Bhutto, assassinée en 2007, a appelé le Pakistan à faire preuve de compassion dans cette affaire et qualifié de catastrophe morale le retour de la peine capitale.
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