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Comparution de Saddam Hussein et polémique sur la peine de mort

dépêche de presse du 1 juillet 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Irak
BAGDAD - L'audience de mise en accusation du président déchu Saddam Hussein s'est terminée jeudi devant un tribunal près de Bagdad, l'occasion de voir les premières images depuis six mois de l'ancien dictateur dont le sort divise les dirigeants irakiens sur son éventuelle condamnation à mort.

Barbe poivre et sel, veste grise, le président irakien déchu, 67 ans, est apparu amaigri devant le Tribunal spécial irakien (TSI) mais adoptant une attitude de défi. Affirmant que le président américain George W. Bush était "ignoble", il a rejeté la légitimité de la cour qu'il a qualifiée de "théâtre pour la campagne électorale de Bush".

C'était la première fois qu'il était montré à la télévision depuis son arrestation peu glorieuse le 13 décembre 2003 dans un trou à rat au nord de la capitale irakienne.

La Maison Blanche s'est montrée très satisfaite jeudi du début de l'instruction judiciaire contre Saddam Hussein, soulignant qu'il s'agissait d'une nouvelle manifestation de la restauration de l'Etat de droit en Irak.

"Le président est heureux du fait que Saddam Hussein et les responsables de son régime vont être traduits en justice par les Irakiens et devant un tribunal irakien pour les atrocités commises par son régime", a déclaré le porte-parole de la présidence américaine.

Au département d'Etat, on indiquait jeudi que Washington aidait à rassembler des preuves qui pourront être utilisées par le tribunal spécial irakien, chargé de juger les anciens du régime irakien dont Saddam Hussein. Mais c'est une affaire d'"Irakiens jugeant des Irakiens", a souligné le porte-parole.

Sept chefs d'accusation ont été retenus contre Saddam Hussein: Les opérations Anfal contre les Kurdes (1988), gazage des Kurdes à Halabja (1988), écrasement de la rébellion chiite (1991), invasion du Koweit (1990), massacre en 1983 de membres de la tribu kurde des Barzani, meurtres avec préméditation de chefs de partis politiques, meurtres avec préméditation de dignitaires religieux.

L'ex-dictateur a refusé de signer l'acte qui énonce ses "crimes", justifiant même l'attaque qu'il a déclenchée contre le Koweït, tandis que ses avocats ont de nouveau qualifié d'"illégal" le TSI car désigné par "une autorité illégale temporaire, créée par l'occupation".

Dans le même temps, la polémique battait son plein, y compris au sein des plus hautes instances du pouvoir en Irak, sur le fait de savoir si Saddam Hussein devait ou non se voir infliger la peine capitale, rétablie mercredi.

Le chef kurde irakien Jalal Talabani s'est ainsi prononcé contre son exécution, contrairement au seul ministre chrétien du gouvernement intérimaire irakien, Mme Pascale Icho Warda, partisan de sa condamnation à mort.

Un point de vue partagé par le ministre koweitien de l'Information, Mohammad Abou Al-Hassan, selon lequel Saddam Hussein est un "criminel de guerre (...) qui mérite la peine capitale" pour avoir ordonné l'invasion du Koweït. Le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Maher considérait que ce jugement était une question "secondaire", la priorité étant assurer un avenir meilleur au peuple irakien.

L'analyste politique irakien Ali al-Dabbagh salue la comparution de Saddam devant la justice irakienne comme "un point positif pour le gouvernement intérimaire irakien, le peuple ayant aspiré à ce que Saddam soit jugé par des Irakiens et en Irak".

Sur place une centaine de victimes de la dictature manifestaient à Bagdad pour notamment exiger le rétablissement de leurs droits.

De son côté le Pentagone a diffusé jeudi une interview radiodiffusée dans laquelle le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld révèle que des militaires polonais avaient découvert 16 ou 17 têtes d'obus contenant du gaz moutarde et du gaz sarin en Irak.

M. Rumsfeld a indiqué que son homologue polonais, Jerzy Szmajdzinski, lui avait fait part de la découverte lors de leur rencontre au sommet de l'Otan à Istanbul.

Le plus haut gradé américain en Irak, le général Ricardo Sanchez, a quitté jeudi son poste afin d'être remplacé par le général George Casey à la tête de la force multinationale.

Parallèlement, les violences continuaient à faire leur lot quotidien de morts et de blessés.

Un Marine américain a été tué au combat jeudi dans la province d'Al-Anbar, dans l'ouest de l'Irak. Sa mort porte à 633 le nombre de soldats américains tués au combat depuis l'invasion de l'Irak en mars 2003.

Un haut fonctionnaire du ministère irakien des Finances, Ihsane Karim, est décédé dans un hôpital de Bagdad, après avoir été blessé dans un attentat qui a tué son chauffeur et l'un de ses gardes du corps.

Enfin le Fonds monétaire international a indiqué jeudi à propos de l'Irak pouvoir apporter "son aide financière dans le cadre de l'assistance d'urgence aux pays sortant d'un conflit", mais a souligné que l'Irak "devra avoir remboursé ses dettes auparavant".
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