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Bahreïn : l'ONU condamne l'exécution de deux personnes dont les aveux ont été obtenus sous la torture

communiqué de presse du 30 juillet 2019 - Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU - Organisation des Nations Unies
Pays :
peine de mort / Bahreïn
Thèmes :
Ali al-Arab Ahmad al-Malali
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a condamné mardi la récente exécution de deux jeunes bahreïnis accusés de terrorisme, dont les «aveux» auraient été obtenus sous la torture et en l'absence de garanties de procédure régulière et d'un procès équitable.
« Nous condamnons fermement l'exécution, le 26 juillet à Manama, de deux citoyens bahreïnis, Ali Mohamed Hakeem Al-Arab, 25 ans, et Ahmed Isa Al-Malali, 24 ans », a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville, mardi lors d'un point de presse à Genève.

« Les exécutions ont eu lieu vendredi soir, en dépit des préoccupations exprimées par la Haut-Commissaire, à la suite de deux déclarations publiques faites précédemment par des experts des droits de l'homme de l'ONU, concernant des allégations selon lesquelles les «aveux» de ces hommes auraient été obtenus par la torture, et concernant l'absence de garanties de procédure régulière et de procès équitable », a-t-il ajouté.

Un troisième homme, un travailleur migrant, a également été exécuté après avoir été reconnu coupable de meurtre.

Al-Arab et Al-Malali ont été arrêtés séparément en février 2017. Ils ont tous deux été jugés lors d'une audience collective avec 58 autres accusés, et condamnés à mort en janvier 2018 pour terrorisme, précise le Haut-Commissariat aux droits de l'homme.

En mai 2019, la Cour de cassation a confirmé la condamnation à mort, bien que que tous deux aient clairement indiqué qu'ils avaient été torturés pour avouer des crimes qu'ils n'avaient pas commis.

Appels réitérés des experts

La première déclaration à laquelle se réfère le porte-parole est celle faite le 21 mai 2019 par cinq experts indépendants de l'ONU (Agnès Callamard, Rapporteure spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; Fionnuala Ní Aoláin, Rapporteure spéciale sur la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste ; Nils Melzer, Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ; Diego García-Sayán, Rapporteur spécial sur l'indépendance des juges et des avocats ; et José Antonio Guevara Bermúdez, Président du Groupe de travail sur la détention arbitraire).

Dans cette déclaration, les cinq experts indiquaient qu'Ali Mohamed Ali Mohamed Hakeem al-Arab aurait été porté disparu de force pendant un mois, au cours duquel il aurait été soumis à la torture pour obtenir des aveux qui ont ensuite été utilisés contre lui au tribunal. Il aurait été accusé d'avoir tué un policier, d'avoir tiré sur une patrouille de sécurité et blessé un de ses agents, d'avoir participé à une tentative d'évasion de prison et de possession d'armes à feu. De plus, il n'aurait pas eu accès à un avocat avant le début du procès.

D'après la même déclaration des cinq experts, l'autre prévenu, Ahmed Isa Ahmed Isa Ahmed Isa al-Malali aurait été touché par deux balles dans la main droite lors de son arrestation. Les balles n'auraient été retirées que 23 jours plus tard. Il aurait également été torturé et contraint de signer des aveux qui, s'ils sont exacts, violent la Convention contre la torture. Il a par la suite été accusé de possession d'armes à feu, d'appartenance à une cellule terroriste et du meurtre présumé d'un agent de sécurité. Il n'aurait pas eu accès à un avocat avant la fin du procès.

Dans la seconde déclaration mentionnée, datant du 26 juillet dernier, jour de l'exécution programmée des deux prévenus, la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur les exécutions sommaires, Agnès Callamard, avait une nouvelle fois exhorté les autorités de Bahreïn à sursoir à l'exécution des deux hommes.

Lors du point de presse de mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat s'est dit également très préoccupé par le sort d'autres détenus qui sont toujours dans le couloir de la mort à Bahreïn et qui risquent d'être exécutés prochainement.

« Nous demandons au gouvernement bahreïni de mettre un terme à toutes les exécutions en cours et de veiller à ce que ces personnes et les autres accusés dont les droits ont pu être violés soient rejugés », a déclaré Rupert Colville.

« Le Haut-Commissariat indique soutenir pleinement l'appel lancé par les experts des Nations Unies aux autorités bahreïnies pour qu'elles instaurent un moratoire officiel sur toutes les exécutions en vue d'abolir la peine de mort », a-t-il conclu.

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