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Dernière heures pour tenter de sauver Napoleon Beazley de l'exécution

dépêche de presse du 27 mai 2002 - Associated Press - AP
Pays :
peine de mort / Texas
LIVINGSTON, Texas (AP) - Napoleon Beazley attend dans sa cellule, indifférent au tumulte causé par son cas, au-delà du couloir de la mort du Texas. Le jeune homme ne se fait guère d'illusions sur ses chances d'échapper à l'exécution prévue mardi, malgré les protestations soulevées par sa condamnation pour un crime commis alors qu'il n'avait que 17 ans.

"C'est un crime, une erreur que j'ai commise, quelque chose que je regrette beaucoup", explique-t-il. "On atteint un point où on se dit: 'je voudrais avoir une seconde chance pour faire bien ce que j'ai fait mal, pour finir ce que j'ai commencé'. Mais il n'y a pas de seconde chance."

Aujourd'hui âgé de 25 ans, Napoleon Beazley reconnaît qu'en 1994, avec deux amis, ils ont attendu un couple pour leur voler leur Mercedes vieille de dix ans. Beazley a tué John Luttig de deux balles dans la tête, manquant sa femme Bobbie, qui a fait semblant d'être morte.

Plusieurs éléments distinguent le cas Beazley de celui des plus de 450 autres meurtriers condamnés au Texas et des 269 qui l'ont précédé dans la chambre de la mort la plus active des Etats-Unis: son âge au moment des faits, son casier judiciaire vierge, son excellent bulletin scolaire, la qualité de son milieu familial et le fait que sa victime était le père d'un juge de la Cour d'appel de Richmond, en Virginie.

S'il est exécuté, le jeune homme sera le 19e prisonnier américain, et le 11e au Texas, à mourir depuis 1976 pour un meurtre commis à moins de 18 ans. De nombreuses organisations, dont la Texas Coalition to Abolish the Death Penalty (Coalition du Texas pour l'abolition de la peine de mort) et Amnesty International estiment qu'il s'agit d'un délinquant juvénile qui ne peut pas être traité comme un adulte.

"Le gouvernement fédéral n'autorise pas l'exécution de délinquants juvéniles", a rappelé vendredi l'avocat David Botsford, dont l'appel a été rejeté par la Cour suprême. "Le Texas est l'un des rares Etats qui le font et la majorité des Etats ne le permettent pas. C'est une question qui doit être résolue au niveau national", a-t-il tenté d'argumenter, soulignant également le lien entre la victime et un magistrat.

Les juges de la Cour suprême Clarence Thomas, David Souter et Antonin Scalia se sont d'ailleurs récusés car le fils de John Luttig, J. Michael Luttig, avait travaillé pour eux. Les magistrats restant ont voté par trois voix contre trois l'été dernier le maintien de l'ordre d'exécution, ce qui légalement signifiait un rejet de la commutation. Mais à quelques heures de l'application de la peine le 16 août 2001, la Cour d'appel du Texas a ordonné sa suspension, ordre levé le mois dernier.

La Cour suprême a jugé par le passé que les droits du condamné à mort n'étaient pas violés lorsqu'il était âgé d'au moins 16 ans au moment du crime.

Plusieurs milliers de signatures ont cependant été recueillies, principalement à l'étranger, pour demander au Bureau des grâces du Texas d'épargner la vie de Napoleon Beazley. L'appel à la commutation de la peine en prison à vie est soutenu par l'Association du barreau américain et des représentants du clergé du monde entier, comme l'archevêque sud-africain Desmond Tutu, ainsi que par les représentants de 18 Etats américains et même la juge Cynthia Kent qui a présidé le procès du jeune homme.

Le Bureau des grâces soumettra sa recommandation au gouverneur Rick Perry quelques heures avant l'injection létale, et le gouverneur annoncera alors sa décision, mais pour le représentant du ministère public Jack Skeen, "la peine capitale est la punition appropriée pour le crime" de Beazley. "Je prendrais la même décision aujourd'hui."
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