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Exécution au Texas de Napoleon Beazley, condamné pour un meurtre commis alors qu'il était encore mineur

dépêche de presse du 29 mai 2002 - Associated Press - AP
Pays :
peine de mort / Texas
HUNTSVILLE, Texas -- Napoleon Beazley, 25 ans, condamné à mort pour le meurtre d'un homme âgé alors qu'il n'avait que 17 ans, a été exécuté mardi soir à la prison de Huntsville au Texas.

Le jeune homme est le 19e prisonnier américain, et le 11e au Texas, à mourir depuis 1976 pour un meurtre commis à moins de 18 ans.

Son cas a soulevé nombre de protestations de la part de mouvements de défense des droits de l'homme à travers le monde. Plusieurs éléments le distinguent de celui des plus de 450 autres meurtriers condamnés au Texas et des 269 qui l'ont précédé dans la chambre de la mort la plus active des Etats-Unis: son âge au moment des faits, son casier judiciaire vierge, son excellent bulletin scolaire, la qualité de son milieu familial et le fait que sa victime était le père d'un juge de la Cour d'appel de Richmond, en Virginie.

Napoleon Beazley a reconnu qu'en 1994, avec deux amis, ils ont attendu un couple pour leur voler leur Mercedes vieille de dix ans. Beazley a tué John Luttig, âgé de 63 ans, de deux balles dans la tête, manquant sa femme Bobbie, qui a fait semblant d'être morte. Il a depuis exprimé ses regrets pour ces crimes.

"C'est ma faute," déclarait Beazley le mois dernier pendant une audience. "J'ai violé la loi, j'ai fait violence à cette ville, j'ai fait violence à une famille, tout celà pour satisfaire mes propres émotions égarées. Je suis désolé. J'aimerai avoir une seconde chance pour me racheter, mais je n'en ai pas".

Lorsque, mardi soir, le gardien lui a demandé s'il avait une dernière déclaration, Beazley s'est retourné et a regardé la fille de sa victime, Suzanne Luttig. Il est resté ainsi pendant quelques secondes, avant de dire "non". Il a alors secoué la tête et répété "non", avant de fermer les yeux.

Lorsque l'injection a commencé, le jeune homme a toussé quatre fois et suffoqué en cognant sa tête contre son oreiller.

Son décès a été prononcé à 18h17 (23h17 GMT), neuf minutes après que la drogue mortelle a commencé à faire effet.

Dans une déclaration d'une page signée de sa main, diffusée après sa mort, Beazley estime que le crime qu'il a commis était "non seulement haineux, mais sans aucun sens". "Mais la personne qui a commis cet acte n'existe plus - moi j'existe," écrit-il.

Il s'excuse une nouvelle fois pour ce meurtre mais se dit triste que le système ne lui ait pas accordé une seconde chance. "Personne ne gagne ce soir. Personne n'a le dernier mot. Personne ne sort victorieux".

De nombreuses organisations, dont la Texas Coalition to Abolish the Death Penalty (Coalition du Texas pour l'abolition de la peine de mort) et Amnesty International estiment qu'il s'agit d'un délinquant juvénile qui ne peut pas être traité comme un adulte.

"Le gouvernement fédéral n'autorise pas l'exécution de délinquants juvéniles", a rappelé vendredi l'avocat David Botsford, dont l'appel a été rejeté par la Cour suprême. "Le Texas est l'un des rares Etats qui le font et la majorité des Etats ne le permettent pas. C'est une question qui doit être résolue au niveau national", a-t-il tenté d'argumenter, soulignant également le lien entre la victime et un magistrat.

La Cour suprême a jugé par le passé que les droits du condamné à mort n'étaient pas violés lorsqu'il était âgé d'au moins 16 ans au moment du crime.

A Austin, une centaine d'opposants à la peine de mort se sont rassemblés mardi soir devant la propriété du gouverneur pour protester contre l'exécution.

Dans la matinée, le Bureau des grâces a voté à 10 voix contre 7 contre la commutation de la peine de Beazley en prison à vie et à 13 voix contre 4 contre le sursis de 30 jours demandé par ses avocats. Une recommandation suivie par le gouverneur Rick Perry.

Au moment du meurtre, Beazley était un élève et un athlète populaire à Grapeland, où il avait aussi dealé de la drogue pendant quelques années.

Beazley a tiré une fois sur Luttig avant de tourner son arme vers son épouse, se tirer mais de la rater. Il s'est ensuite retourné vers l'homme blessé pour l'achever à bout portant d'une balle dans la tête. Il a ensuite fouiller le corps baignant dans son sang pour voler les clés de la voiture. Dans sa fuite, il a percuté un mur et dû abandonner la Mercedes. Son complice a également été condamné à mort.
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