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Peine de mort en Biélorussie. Washington dénonce un dirigeant qui « s'accroche au pouvoir par la peur »

dépêche de presse du 18 mai 2022 - Agence mondiale d'information - AFP
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(Moscou) La Biélorussie a introduit la peine de mort pour préparation d'attentat ou « tentative d'acte de terrorisme », selon un décret publié mercredi, un durcissement qui vise « directement » l'opposition d'après sa cheffe exilée et qui a été vivement condamné par Washington.

« Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a signé la loi prévoyant la possibilité de la peine de mort pour une tentative d'acte de terrorisme », selon l'agence russe Ria Novosti, alors que jusqu'à présent seuls ceux qui avaient commis un tel acte étaient passibles d'exécution.

Selon l'agence russe Interfax, le texte, qui a été publié mercredi en Biélorussie, stipule qu'aucune « préparation ou tentative » de crime n'est passible de peine de mort à l'exception de ceux qualifiés de « terroristes ».

Le portail publiant les textes de droit biélorusse n'était pas accessible mercredi depuis l'étranger, mais selon les agences russes ces nouvelles normes entreront en vigueur dans une dizaine de jours.

« Ces mesures sont celles d'un dirigeant autoritaire qui s'accroche au pouvoir par la peur et l'intimidation », a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans un communiqué, accusant le président biélorusse Alexandre Loukachenko de « continuer sa répression ».

Il a estimé que cela risquait de frapper « les militants prodémocratie et ceux qui s'opposent à la guerre menée par la Russie en Ukraine » et appelé une fois de plus à « la libération sans condition de tous les prisonniers politiques ».

Depuis le vaste mouvement de contestation de 2020 contre la réélection de l'autoritaire Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, de nombreux opposants ont été inculpés et arrêtés pour tentative ou préparation d'acte de terrorisme.

En mars 2021, le parquet biélorusse avait annoncé que la cheffe de l'opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, contrainte à l'exil en 2020 par la répression de la contestation, faisait elle-même l'objet d'une enquête pour « préparation d'acte de terrorisme en bande organisée », selon l'agence d'État biélorusse Belta.

« Meurtres politiques »

Celle-ci a réagi sur Twitter à l'élargissement des crimes passibles de la peine capitale comme une « menace directe » visant les opposants au régime de M. Loukachenko et ceux qui s'opposent à l'offensive en Ukraine de la Russie, qui a utilisé le territoire de la Biélorussie pour une partie de ses assauts.

« Le régime illégal a introduit la peine capitale pour des cas de tentative de terrorisme. C'est une menace directe contre les militants qui s'opposent au dictateur et à la guerre », a commenté sur Twitter Svetlana Tikhanovskaïa.

« J'appelle la communauté internationale à réagir : sanctionner les parlementaires et user de chaque outil pour empêcher des meurtres politiques », a-t-elle ajouté.

La Biélorussie et ses dirigeants font déjà l'objet de nombreuses sanctions occidentales, d'une part à cause de la répression qui y a décimé l'opposition et la société civile, d'autre part du fait du soutien à l'offensive russe contre l'Ukraine.

La Biélorussie, une ex-république soviétique alliée à la Russie, est le dernier pays d'Europe qui applique encore la peine de mort.

Une balle dans la nuque

Le pays procède chaque année à plusieurs exécutions, d'une balle tirée dans la nuque du condamné, et qui sont toujours gardées secrètes, les familles n'étant informées que quelques mois après.

Depuis la présidentielle de 2020, lors de laquelle Mme Tikhanovskaïa a amassé un soutien populaire surprise et mobilisé des foules immenses pour dénoncer un scrutin truqué par M. Loukachenko, les autorités ont donné un tour de vis considérable, arrêtant des centaines de personnes et forçant à l'exil foule de dirigeants de l'opposition ou simples manifestants.

De nombreuses figures du mouvement ont été condamnées à de lourdes peines de prison, les ONG et médias indépendants ont été bannis et taxés d'extrémisme.

Un nouveau procès de 12 militants de l'opposition s'est ouvert d'ailleurs mercredi dans la ville de Grodno et leur dirigeant présumé, Nikolaï Avtoukhovitch, est notamment accusé d'acte de « terrorisme » et de préparation d'un acte de « terrorisme » en bande organisée, selon l'ONG de défense des droits humains Viasna, dont plusieurs membres et son chef sont également en prison.

Selon cette source, les enquêteurs accusent le groupe d'avoir incendié une voiture et la maison d'un policier, puis d'avoir fait exploser la voiture d'un autre.
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