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Un Jordanien exécuté pour trafic de drogue

dépêche de presse du 13 mars 2023 - Agence mondiale d'information - AFP
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Un Jordanien a été exécuté en Arabie saoudite pour trafic de drogue, selon un média officiel, des militants des droits humains affirmant que ses aveux avaient été obtenus sous la torture.

Hussein Abo al-Kheir, un chauffeur jordanien âgé d'une cinquantaine d'années, a été exécuté dimanche dans la région de Tabouk (nord-ouest), selon l'agence de presse officielle saoudienne SPA. Il avait été arrêté et inculpé pour "trafic de comprimés d'amphétamine", a-t-elle ajouté. Son exécution montre "la volonté du gouvernement du royaume de combattre la drogue, sous toutes ses formes, en raison du grave préjudice qu'elle cause aux individus et à la société", selon la même source.

Hussein Abo al-Kheir a été torturé pendant douze jours avant de signer un document où il admettait être coupable de trafic de drogue, sans pouvoir contacter un avocat, avaient affirmé en novembre l'ONG Reprieve, basée au Royaume-Uni, et sa soeur Zeinab. Selon cette dernière, il avait été arrêté en 2014 alors qu'il se rendait en Arabie saoudite, où il travaillait comme chauffeur pour une famille résidant à Tabouk.
Selon Amnesty international, Abo al-Kheir est père de sept enfants et sa famille n'a pas été prévenue à l'avance de l'exécution.

L'AFP n'a pas pu vérifier ces affirmations et les autorités saoudiennes n'étaient pas joignables dans l'immédiat.

Au cours des deux dernières semaines, 11 personnes ont été exécutées dans ce royaume aux mœurs ultra-conservatrices.
En 2022, 147 condamnés ont été exécutés, soit plus du double qu'en 2021 (69), dont certains pour des crimes liés à la drogue. Le royaume avait alors mis fin à un moratoire sur les condamnations liées à ces crimes qui durait depuis près de trois ans.

L'exécution d'Abo al-Kheir intervient exactement un an après celle, en une seule journée, de 81 personnes reconnues coupables de crimes liés au terrorisme, qui avait suscité une vague d'indignation internationale.

"Terrifié et triste"
Le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire avait estimé qu'il n'existait aucun fondement juridique permettant de justifier la détention d'Abo al-Kheir et demandé en novembre au gouvernement saoudien "de suspendre son exécution imminente".

"Pendant des années, des responsables pénitentiaires saoudiens ont maintenu Hussein à l'isolement, lui ont refusé toute représentation légale et refusé d'enquêter lorsqu'il affirmait avoir été torturé pour livrer des +aveux+ qui ont servi de base à sa condamnation", a déclaré Heba Morayef, directrice d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. "Personne ne devrait avoir à subir un tel supplice".

En novembre, Hussein Abo al-Kheir avait contacté un proche en Jordanie l'informant de son transfert dans un quartier de la prison réservé aux condamnés dont l'exécution était imminente, avait raconté sa sœur Zeinab. "Il est terrifié et triste (...) Il attend le moment de sa mort, de sa décapitation avec une épée, après un procès absolument injuste", avait-elle témoigné à l'époque.

Plus de mille personnes ont été exécutées, généralement par décapitation, depuis l'arrivée au pouvoir du roi Salmane en 2015, selon un rapport publié en début d'année par Reprieve et par l'Organisation européenne saoudienne des droits de l'homme.

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