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L'Iran exécute un dissident irano-suédois, une "sanction inhumaine" dénonce l'UE

dépêche de presse du 6 mai 2023 - Agence mondiale d'information - AFP
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Habib Chaab
L'Iran a exécuté samedi le dissident irano-suédois Habib Chaab, reconnu coupable d'avoir dirigé un groupe séparatiste arabe de l'ouest du pays et condamné à mort pour "terrorisme", un acte qualifié de "sanction inhumaine" par l'Union européenne.

La justice avait confirmé sa condamnation à mort le 12 mars, une décision condamnée par la Suède et l'UE.

"La peine de mort est une sanction inhumaine (...) et la Suède, comme le reste de l'UE, condamne son application en toutes circonstances", a déclaré samedi sur Twitter le ministre suédois des Affaires étrangères, Tobias Billstrom, Stockholm assurant la présidence tournante de l'Union européenne.

"La condamnation à mort de Habib Chaab (...) à la tête du groupe terroriste Harakat al-Nidal, a été exécutée ce matin" par pendaison, a annoncé samedi l'agence de l'autorité judiciaire Mizan Online.

L'ONG Iran Human Rights (IHR) a appelé sur Twitter "la communauté internationale à réagir fermement à cette exécution", qualifiant son procès d'"inéquitable".

L'Iran est le pays exécutant le plus de personnes après la Chine, selon des organisations de défense des droits humains, qui ont évalué à 582 le nombre de pendaisons en 2022.

Agé d'une cinquantaine d'années, M. Chaab, connu également sous le nom de Habib Asyud, est présenté comme le chef du groupe Harakat al-Nidal, ou ASMLA (Mouvement arabe de lutte pour la libération d'Ahvaz) par les autorités iraniennes qui qualifient ce mouvement de "terroriste".

Il avait disparu en octobre 2020 après s'être rendu à Istanbul, avant de réapparaître un mois plus tard en prison en Iran.

En décembre 2020, les autorités turques avaient annoncé l'arrestation de onze personnes soupçonnées de l'avoir enlevé à Istanbul avant de l'emmener à Van, à la frontière iranienne, et de le livrer aux autorités de Téhéran.

La télévision iranienne avait diffusé en novembre 2020 une vidéo de Habib Chaab, dans laquelle il s'accusait notamment d'un attentat meurtrier ayant visé en septembre 2018 un défilé militaire à Ahvaz, chef-lieu de la province du Khouzestan (sud-ouest), et de travailler pour les services de renseignement saoudiens.

La diffusion de telles vidéos est fréquente en Iran et condamnée par les défenseurs des droits humains, qui accusent les autorités de les obtenir sous la torture.

La population de la province du Khouzestan compte une importante minorité arabe. Le Khouzestan avait été l'un des points chauds d'une vague de contestation fin 2019, violemment réprimée.

En mars dernier, la justice avait condamné à mort six hommes reconnus coupables de faire partie de l'ASMLA, les accusant d'avoir "suivi les ordres de leurs chefs européens, comme (...) Habib Chaab".

- Autres Européens condamnés -

Après son arrestation, la Suède avait engagé des démarches pour lui offrir une aide consulaire mais sans résultat, car l'Iran ne reconnaît pas la double nationalité.

En janvier, Téhéran avait provoqué une vague d'indignation internationale en exécutant un ancien responsable de la Défense, l'Irano-Britannique Alireza Akbari, reconnu coupable d'espionnage.

En février, l'Allemagne avait expulsé deux diplomates en poste à Berlin pour protester contre la condamnation à mort, confirmée en avril, du dissident irano-allemand Jamshid Sharmahd. Il a été reconnu coupable d'avoir participé à un attentat contre une mosquée à Chiraz, dans le sud de l'Iran, qui avait fait 14 morts en avril 2008.

Au moins 16 détenteurs de passeports occidentaux incluant six Français sont détenus en Iran, la plupart d'entre eux étant des binationaux.

Les relations irano-suédoises sont également tendues en raison du dossier de Hamid Noury, un ancien fonctionnaire pénitentiaire iranien condamné à la perpétuité en première instance en Suède pour son rôle dans les exécutions de masse de prisonniers ordonnées par Téhéran en 1988.

Son procès provoque la colère de Téhéran, qui dénonce régulièrement des poursuites "politiques" et des "accusations sans fondement et fabriquées contre l'Iran" dans ce dossier.
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