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Arabie Saoudite. Deux Bahreïnis exécutés pour "terrorisme"

dépêche de presse du 29 mai 2023
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L'Arabie saoudite a exécuté deux ressortissants de Bahreïn accusés d'appartenance à une "cellule terroriste", a annoncé lundi le ministère de l'Intérieur du pays, l'un de ceux qui appliquent le plus la peine de mort dans le monde. Il s'agit de la neuvième exécution annoncée pour "terrorisme" pour le seul mois de mai, portant le total à 41 depuis le début de l'année dans le royaume, selon un décompte de l'AFP.

"Deux criminels de nationalité bahreïnie ont été exécutés pour avoir rejoint une cellule terroriste", a déclaré le ministère de l'Intérieur de la puissante monarchie sunnite du Golfe. Selon le ministère, les deux hommes projetaient de "déstabiliser la sécurité de l'Arabie saoudite et de Bahreïn" en aidant "des terroristes à l'intérieur du royaume" à "commettre des actes" et "faire passer du matériel" pour commettre un "attentat à la bombe".

Bahreïn n'a pas officiellement réagi à cette annonce. Mais le principal groupe d'opposition chiite, Al-Wefaq, a dénoncé sur Facebook un "crime" commis par l'Arabie saoudite.

L'Arabie saoudite et le royaume voisin de Bahreïn, un fidèle allié, accusent depuis des décennies l'Iran de tenter de semer le trouble dans ces deux pays à travers les communautés chiites dont une partie se plaint de discriminations. La république islamique, puissance chiite, a toujours démenti.

Cette double exécution intervient au moment où Riyad et Téhéran, deux rivaux régionaux, ont renoué leurs relations officielles rompues en 2016.

Les deux hommes exécutés, Jaafar Sultan et Sadiq Thamer, avaient été condamnés à mort de "manière discrétionnaire le 7 octobre 2021", avait déclaré Amnesty International l'année dernière. Selon l'ONG, les deux hommes étaient accusés de "terrorisme", "contrebande d'explosifs", "entraînement militaire en Iran" et "participation à des manifestations à Bahreïn appelant au renversement du gouvernement".

En juillet 2022, le rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires avait appelé l'Arabie saoudite à annuler leur condamnation à mort et à enquêter sur "les allégations de torture" qu'ils auraient subie. L'accusation de "terrorisme" est souvent utilisée par les régimes de la région pour punir les activistes et les dissidents politiques. A la mi-mai, Amnesty International avait déploré dans un rapport un niveau record d'exécutions à travers le monde depuis 2017, évoquant une "frénésie meurtrière" de certains pays. Parmi eux, la Chine, l'Iran et l'Arabie saoudite, selon l'ONG.

Plus de 1.000 condamnés à mort ont été exécutés depuis l'arrivée au pouvoir en 2015 du roi Salmane et l'ascension de son fils Mohammad, dirigeant de facto du royaume, selon un bilan de l'organisation britannique Reprieve et l'Organisation euro-saoudienne des droits de l'Homme, publié en début d'année.
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