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Message de soutien franco-allemand au Congrès contre la peine de mort

dépêche de presse du 1 février 2007 - Agence mondiale d'information - AFP
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PARIS (AFP) - Le 3e Congrès mondial contre la peine de mort s'est ouvert jeudi à Paris, avec un témoignage de soutien des dirigeants français et allemands, et un appel aux pays qui n'ont pas encore aboli la peine capitale à la commuer en emprisonnement.

Devant plusieurs centaines de personnes venues du monde entier, la manifestation va plaider jusqu'à samedi pour l'abolition universelle, qui passe selon les organisateurs par des avancées en Chine, au Maghreb et au Moyen-Orient ainsi qu'aux Etats-Unis.

"La peine de mort reste encore en vigueur dans de trop nombreux Etats mais fort heureusement partout dans le monde des forces se mobilisent et portent l'espoir d'une justice plus humaine", a affirmé le président français Jacques Chirac à l'ouverture de la réunion, dans un message lu par le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy.

Rappelant l'appel récent de 85 pays à un moratoire sur les exécutions là où la peine capitale est encore en vigueur, M. Chirac a franchi un pas supplémentaire en annonçant que la France encourageait aussi "les pays concernés à commuer les peines capitales en peines d'emprisonnement".

"C'est une nouveauté, c'est la première fois que je l'entends", a réagi Michel Taube, porte-parole de l'association organisatrice du Congrès, Ensemble contre la peine de mort (EPCM).

Il s'agit, a ajouté Jacques Chirac, de "soustraire des centaines d'individus à ce sort inhumain qu'est l'attente, parfois durant des décennies, dans les sinistres +couloirs de la mort+".

Des couloirs justement connus par Sakae Wenda, un Japonais de 79 ans et une des figures du congrès, venu témoigner devant les journalistes sur ses 34 ans passés en prison.

Condamné à la peine capitale en 1949 pour un double homicide qu'il n'a pas commis, il n'a obtenu la révision de son procès qu'en 1983: libéré, il n'a toutefois pas été réhabilité.

Organisée sous le co-patronage de la France et de l'Allemagne -- qui assure la présidence de l'Union européenne (UE) --, la réunion a reçu aussi le soutien de la chancelière Angela Merkel.

"L'abolition de la peine de mort est une revendication centrale de la politique allemande et européenne des droits de l'Homme", a déclaré Mme Merkel, par la voix d'un haut fonctionnaire du ministère allemand des Affaires étrangères.

"Je suis convaincue qu'on peut combattre le terrorisme en nous tenant strictement à nos principes éthiques et moraux", a-t-elle poursuivi, rappelant que la peine de mort avait été abolie sans restriction dès 1949 lors de la création de la République fédérale d'Allemagne (RFA).

De son côté Michel Taube, insistant sur les avancées nécessaires dans le monde arabe, a dit son espoir de voir le Maroc abolir la peine capitale "à brève ou moyenne échéance".

"Cela ferait sauter un verrou que de voir un grand pays arabe et musulman en finir avec une justice qui tue", a estimé M. Taube. Selon lui, le Maroc est le pays de cette région le plus proche d'une abolition, parce que celui "dans lequel la société civile débat le plus de la peine de mort".

S'agissant de la Chine, "championne du monde de la peine de mort", le porte-parole d'ECPM a souligné qu'un appel solennel devait être lancé au Congrès à une "trève" des exécutions à l'occasion des Jeux olympiques de Pékin en 2008.

Selon ECPM, 2.148 personnes ont été exécutées dans 22 pays en 2005, une très forte majorité des exécutions (94%) étant recensées en Chine, Iran, Arabie saoudite et aux Etats-Unis.
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