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Les décapitations repartent à la hausse en Arabie saoudite

dépêche de presse du 15 juillet 2007 - Associated Press - AP
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Rizana Nafeek
Riyad - Rizana Nafeek, une jeune Sri-Lankaise de 19 ans, attend aujourd'hui dans le couloir de la mort en Arabie saoudite. Il y a deux ans, le bébé de ses employeurs est décédé pendant qu'elle le nourrissait au biberon. Si son appel est rejeté, elle sera décapitée sur une place en public.

Le gouvernement sri-lankais a assuré qu'il souhaitait obtenir la grâce de la jeune femme. Il a jusqu'à lundi pour intervenir. Un pardon accordé à la toute dernière minute par les parents du petit garçon décédé en 2005 pourrait également permettre à Rizana Nafeek d'avoir la vie sauve.

Mais si la peine capitale prononcée le 16 juin contre la jeune Sri-Lankaise par un tribunal d'Al-Daouadimi (400km à l'ouest de Riyad) est appliquée, il s'agira de la dernière décapitation en date dans le royaume, qui pourrait franchir cette année le sinistre record de 191 exécutions de ce type enregistré en 2005.

Le nombre des décapitations avait chuté à 38 l'an dernier en Arabie saoudite mais s'établit déjà pour 2007 à au moins 102, dont trois femmes, selon Amnesty International.

Quelque 5,6 millions d'étrangers, dont nombre sont asiatiques, travaillent en Arabie saoudite, forte d'une population de 22 millions d'habitants. Et sur les 102 personnes décapitées depuis le début de l'année, la moitié étaient des étrangers. Parmi eux, figuraient une vingtaine de Pakistanais dont le dernier a été décapité samedi après avoir été reconnu coupable de meurtre, précise Amnesty International.

La décapitation a toujours été la peine appliquée aux meurtriers, violeurs, trafiquants de drogue et auteurs de braquages en Arabie saoudite. Dans l'affaire Rizana Nafeek, la justice n'a jamais dit si les faits qui lui étaient reprochés relevaient de meurtre, mais les autorités saoudiennes, vivement critiquées par des groupes de défense des droits de l'Homme, affirment simplement appliquer la loi de Dieu.

S'exprimant à propos de la condamnation dont a écopé Rizana Nafeek, Kate Allen d'Amnesty International a dénoncé un «scandale absolu». L'Arabie saoudite se prépare «à décapiter une adolescente qui n'avait même pas d'avocat lors de son procès», a-t-elle déploré, soulignant que la peine de mort avait été prononcée contre une jeune fille qui avait 17 ans au moment des faits dont elle a été reconnue coupable.

D'après l'organisation de défense des droits de l'Homme, certains accusés sont uniquement reconnus coupables sur la base de confessions obtenues sous la contrainte et la torture.

Dans le cas de Rizana Nafeek, la jeune fille aurait d'abord avoué -selon elle sous la contrainte- avant de se rétracter. Arrivée dans le royaume le 4 mai 2005 pour y travailler comme femme de ménage, elle a dû en plus s'occuper du petit garçon, un emploi auquel elle n'était pas formée, selon l'ambassade du Sri Lanka, qui précise que l'enfant est mort le 22 mai, alors qu'elle le nourrissait au biberon.

Selon l'Asian Human Rights Commission, une organisation indépendante de juristes et d'activistes des droits de l'Homme basée à Hong Kong, il s'agissait d'un accident. L'enfant s'étouffait, d'après elle, et la jeune femme tentait désespérément de le calmer. Cependant, souligne le groupe, l'affaire a été présentée comme le «meurtre d'un bébé par strangulation».
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