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Iran: nouvelle exécution d'un jeune malgré les appels internationaux

dépêche de presse du 20 août 2008 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Iran
Thèmes :
Reza Hejazi Behnoud Shojaee
TEHERAN (AFP) — La justice iranienne a procédé à une nouvelle exécution d'un jeune ayant commis un meurtre alors qu'il était mineur, en contravention avec deux conventions internationales auxquelles adhère Téhéran et malgré les appels internationaux pour éviter de telles mises à mort.

Reza Hedjazi, âgé de 20 ans, avait poignardé un autre jeune lors d'une bagarre dans un parc il y a cinq ans, alors qu'il n'était âgé que de quinze ans. Il a été pendu mardi à Ispahan (centre), selon le quotidien Etemad.

Les autorités de la prison avaient accepté la demande de délai de son avocat afin de trouver un accord avec la famille de la victime pour l'épargner, mais ont finalement procédé à l'exécution quatre heures plus tard, après qu'il eut quitté les lieux, écrit le journal mercredi.

La Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Louise Arbour, avait exhorté Téhéran en juin à suspendre les exécutions prévues de quatre criminels mineurs au moment des faits.

Mais un mineur de 17 ans, condamné pour meurtre, avait été exécuté peu après cet appel. Depuis le début de l'année, au moins trois jeunes Iraniens ont été pendus pour des crimes commis avant l'âge de 18 ans.

L'Iran a pourtant adhéré au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, depuis 1976, et à la Convention relative aux droits de l'enfant, depuis 1994, dont les signataires s'engagent à ne pas appliquer la peine de mort pour un condamné mineur au moment des faits.

Le nombre d'exécutions a fortement augmenté en Iran depuis l'élection en 2005 du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.

Cette politique, dont l'objectif est d'améliorer selon les autorités la "sécurité dans la société", touche aussi les mineurs criminels.

Neuf de ces criminels mineurs ont été exécutés lors de la dernière année iranienne qui s'est terminée en mars, selon un rapport en mai du Cercle des défenseurs des droits de l'Homme, dirigé par la lauréate du prix Nobel de la paix 2003, Shirin Ebadi.

Selon cette organisation, 74 mineurs ayant commis un crime avant l'âge de 18 ans attendent d'être exécutés.

La République islamique d'Iran et les Etats-Unis font partie des rares pays exécutant des jeunes ayant commis des crimes alors qu'ils étaient mineurs.

Les autorités iraniennes affirment pour leur part ne pas exécuter de condamnés avant l'âge de 18 ans. Ce qui n'a pas empêché la pendaison du garçon de 17 ans en juin.

"L'Iran a le plus grand nombre de mineurs exécutés. Mais jusque-là nos protestations n'ont rien donné" a déclaré à l'AFP Mme Ebadi mercredi.

La société civile reste largement silencieuse face à ce phénomène, les autorités décourageant toute initiative pour l'y sensibiliser.

La justice a ainsi convoqué ces derniers jours un important metteur en scène, Kioumars Pourahmad, et deux célèbres acteurs, Ezatollah Entezami et Parviz Parastoui, pour avoir collecter de l'argent afin de sauver Behnoud Shojaie, condamné à mort pour un meurtre alors qu'il était mineur, selon la presse.

Il devait être pendu à Téhéran en juin mais un sursis lui a été accordé pour trouver un accord avec la famille de la victime.

Cette dernière peut accorder son pardon au meurtrier qui doit alors purger une peine de prison et payer le "prix du sang", une compensation actuellement fixée à 550 millions de rials (39.000 euros).

Les parents de la victime ont porté plainte contre les trois artistes pour l'ouverture du compte en banque, en affirmant n'avoir jamais réclamé le "prix du sang" pour leur fils Ehsan.

Selon le juge enquêteur, les trois artistes souhaitaient "adoucir les sentiments des gens (à l'égard de Behnoud Shojaie) alors qu'il s'agit d'un meurtrier dont la peine est la pendaison".

Le compte en banque a recueilli un milliard de rials (71.000 euros) avant d'être fermé par la justice, écrit le journal Iran.
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