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Le Texas va exécuter son 300e condamné à mort

dépêche de presse du 12 mars 2003 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Texas
HUNTSVILLE (AFP) - Le Texas doit exécuter mercredi son 300e détenu depuis le rétablissement de la peine de mort dans cet Etat du sud, en 1982, à moins que la Cour suprême accepte un ultime recours du condamné.
"L'exécution de Delma Banks est prévu à 18H00 locales (ndlr : 00H00 GMT), à la prison de Huntsville à moins d'une décision de la Cour suprême", a indiqué Larry Fitzgerald, du département texan de justice criminelle à Huntsville.

Selon les spécialistes de la peine capitale aux Etats-Unis, cette nouvelle exécution par injection létale, qui sera la onzième au Texas depuis le début de l'année, confirme le rythme accéléré des exécutions dans cet Etat.

Une dixième exécution, la 299e au Texas, a été réalisée mardi soir à Huntsville. Glen Cook, 41 ans, avait été condamné pour avoir tué de six balles un homme dans son sommeil.

Le record des exécutions au Texas, qui remonte à 2000 avec 40 exécutions, lorsque l'actuel président des Etats-Unis, George W. Bush, en était le gouverneur, pourrait ainsi être battu cette année, a estimé le directeur du Centre d'information sur la peine de mort (DPIC) à Washington, Richard Dieter.

"Le Texas ne lève pas le pied", a constaté M. Dieter en évoquant la décision de l'Illinois (nord), à la mi-janvier, de commuer en prison à vie la peine de ses 167 condamnés à mort.

Delma Banks, 44 ans (bien 44 ans), se trouve dans le couloir de la mort pour le meurtre par balle, il y a 22 ans, d'un adolescent blanc de 16 ans, Richard Whitehead, dans la localité de Texarkana, dans l'est du Texas.

Cet homme noir, condamné par un jury exclusivement blanc, a toujours clamé son innocence.

"La condamnation à mort de Delma Banks ... constitue la forme la plus grave d'erreur constitutionnelle et une injustice lamentable", a affirmé la Coalition nationale pour abolir la peine de mort dans un communiqué.

Des avocats, ainsi que d'anciens juges militant contre l'application de la peine capitale, ont saisi la Cour suprême dans l'espoir d'obtenir une sursis en vue d'une éventuelle révision du procès.

"Cette exécution n'a pas lieu d'être", a confié au New York Times un ancien juge de la Cour d'appel de Philadelphie (Pennsylvanie, est) John Gibbons.

M. Gibbons, ainsi que plusieurs anciens magistrats, ont estimé dans leur requête devant la Cour suprême que M. Banks a été mal défendu pendant sont procès et que la composition du jury a influé sur l'issue de la procédure.

Tous les recours au Texas, à l'exception d'une sursis de 30 jours accordé par le gouverneur Rick Perry pouvant intervenir en dernière minute, ont été épuisés. Depuis son élection, M. Perry a accordé deux sursis contre un seulement pour son prédécesseur, M. Bush.

Le corps de Richard Whitehead avait été retrouvé dans un parc, le 12 avril 1980, une balle entre les yeux et une autre qui avait traversé l'épaule. La veille il avait été vu en compagnie de M. Banks, selon des témoignages.

Mais, selon la presse américaine, deux des principaux témoins au procès de Banks, ont affirmé dans des déclarations assermentées que les enquêteurs de la police les avaient contraints à témoigner contre Banks.

Contrairement au Texas, la grande majorité des 38 Etats de l'Union dont la peine capitale figure au code civil, ont eux ralenti le rythme des exécutions et ont demandé des études afin d'examiner les risques d'erreurs judiciaires.

Car, estime Andrea Keilen, du "Texas Defender Service", une association de juristes qui se chargent bénévolement de défendre des condamnés à mort, les injustices existent partout.

"Les problèmes de l'incompétence des avocats, des témoignages d'experts peu fiables et les disparités d'ordre racial, existent tout autant au Texas", affirme-t-elle.
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