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Terrorisme: Pierre Robert condamné au Maroc à la prison à vie

dépêche de presse du 19 septembre 2003 - Agence mondiale d'information - AFP
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RABAT (AFP) - L'islamiste français Pierre Robert, accusé d'activités terroristes au Maroc, a échappé jeudi à la peine de mort qui avait été requise contre lui, mais a été condamné à la réclusion à perpétuité.De lourdes peines de prison ont également été prononcées par la Chambre criminelle de Rabat à l'encontre des "complices" marocains du Français, dont deux autres peines de prison à vie et 22 peines allant de 10 à 30 ans d'emprisonnement. Seuls deux prévenus ont été acquitté

Le tribunal n'a pas suivi les réquisitions particulièrement sévères de l'avocat général de Rabat qui avait notamment réclamé la peine capitale contre Pierre Robert et onze co-accusés.

L'avocat français venu à Rabat pour assister Pierre Robert, Me Vincent Courcelle-Labrousse, a déclaré qu'il était "naturellement soulagé que la peine de mort n'ait pas été prononcée" compte tenu des réquisitions qui avaient été faites.

Lui et son collègue marocain Me Abdelfattah Zahrach ont néanmoins jugé la sentence très sévère et annoncé leur intention d'utiliser tous les recours possibles - y compris, a dit Me Zahrach, la demande de grâce royale. Les prévenus disposent de huit jours pour se pourvoir en cassation.

Les avocats avaient demandé l'acquittement de leurs clients en faisant valoir l'absence de flagrants délits ou de preuves matérielles étayant l'accusation. Ils avaient rappelé les dénonciations de torture lancées par leurs clients qui n'avaient pas été suivies d'expertises médicales.

Me Vincent Courcelle-Labrousse avait pour sa part jugé "stupéfiant" que des peines capitales puissent être demandées dans le contexte de ce procès, estimant que la police avait "bâclé" son travail et que le dossier de son client était "vide".

Le tribunal a retenu contre l'accusé français les charges d'association de malfaiteurs, de préparation d'actes terroristes, de détention d'armes et d'atteinte à la sûreté de l'Etat.

Les deux autres condamnations à perpétuité ont sanctionné deux prévenus intégristes accusés d'avoir participé au meurtre d'une femme à Tanger. Le procureur n'avait pas évoqué d'implication directe des accusés dans les attentats terroristes du 16 mai à Casablanca, qui avaient fait 45 morts, dont 12 kamikazes.

Il les tenait pour responsables de la "préparation d'actes terroristes contre des sites commerciaux et touristiques" notamment à Tanger (nord), Fès (centre), Rabat et Meknès (centre).

Une convention judiciaire franco-marocaine signée en 1981 ouvre la voie à un transfèrement de Pierre Robert qui lui permettrait de purger sa peine en France. Mais une telle procédure, qui n'est possible qu'après une condamnation définitive, doit être sollicitée et acceptée par les autorités judiciaires au cas par cas.

Le procès de Pierre Robert, très médiatisé en raison même de la présence d'un européen parmi les intégristes accusés, se déroulait en même temps qu'une dizaine d'autres procès d'islamistes radicaux dans le royaume. Plus de cent islamistes y sont actuellement jugés, devant divers tribunaux marocains, notamment à Casablanca, Fès et Rabat.

D'autres grands procès anti-terroristes ont déjà été menés à leur terme, avec notamment quatorze condamnations à mort, parmi lesquelles figurent celles des trois kamikazes qui ont survécu aux attentats du 16 mai.

Le ministre marocain de la Justice, Mohamed Bouzoubâa a déclaré le 9 septembre que 906 islamistes radicaux avaient au total été arrêtés à la suite des attentats du 16 mai à Casablanca, tout en ajoutant que le "péril est toujours là".
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