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La nationalité française, dernier espoir d'un condamné à mort en Louisiane

dépêche de presse du 16 octobre 2003 - Agence mondiale d'information - AFP
Michael Legrand, reconnu coupable d'un meurtre, attend depuis deux ans dans le "couloir de la mort" d'une prison de Louisiane (sud). Pour échapper à une exécution, il n'a aujourd'hui plus qu'un mince espoir: obtenir la nationalité française.

Bien qu'il soit né il y a 30 ans en Louisiane de parents américains et qu'il ne soit jamais allé en France, Legrand pourrait obtenir la nationalité française, estiment ses avocats. A 13 ans en effet, soulignent-ils, Michael a été adopté par le Français Paul Legrand, un oncle par alliance.

La Cour suprême de Louisiane doit examiner le 23 octobre un appel déposé par ces avocats. En cas de rejet, les avocats demanderont à la France de saisir la Cour internationale de justice (CIJ).

Une reconnaissance de sa citoyenneté française lui donnerait droit à une assistance consulaire mais pas la garantie d'échapper à l'exécution. Dans le passé, l'Allemagne et le Mexique ont saisi en vain la CIJ pour obtenir la grâce de ressortissants condamnés à mort aux Etats-Unis. La Cour a condamné les Etats-Unis mais les ressortissants étrangers ont été exécutés.

"En raison des liens historiques entre la Louisiane et la France, l'Etat (de Louisiane) pourrait être incité à respecter les vues du gouvernement français", opposé à la peine de mort, veut croire l'un des avocats, Ben Cohen.

Le vice-consul de France à La Nouvelle Orléans, Eric Bayer, a fait suivre en France les documents relatifs à l'adoption de Legrand et attend une décision du Tribunal de Grande Instance de Nantes (ouest). "L'affaire est sérieuse et le consulat espère que le TGI prendra une décision rapidement", indique-t-il.

Legrand naît en 1973 sous le nom de Clarence Myers alors que ses parents, toxicomanes, sont en prison. Il est confié peu après sa naissance à la soeur de sa mère, Donna Legrand, mariée à un Français, Paul, installé aux Etats-Unis depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

En 1977, la mère de Michael, Judith Myers, est libérée de prison et son fils lui est de nouveau confié. En 1980, elle divorce du père de Michael et épouse un ancien détenu, Jose Raiford. Selon les témoignages de la soeur et la mère de Michael lors de son procès, Raiford a rapidement commencé à frapper l'enfant avant d'abuser de lui sexuellement. La mère de Michael renonce alors à ses droits parentaux et choisi de l'abandonner officiellement.

Paul Legrand, qui avait élevé le jeune garçon avec ses deux filles jusqu'en 1977, a cherché à le retrouver. Deux ans après le début de sa quête, il découvre Michael dans un orphelinat de Louisiane.

"Vous ne pouviez plus le toucher, vous ne pouviez plus le prendre dans vos bras, vous ne pouviez même pas poser votre main sur sa tête", témoignera Paul Legrand. Malgré les graves problèmes psychologiques de Michael, Paul Legrand l'adopte en 1986. Il décède d'une crise cardiaque en 2001.

"A l'âge de 14-15 ans, Michael n'était pas une personne facile à traiter. Il a commencé à se droguer, se mettait facilement en colère (...) Paul a toujours été à son côté", selon Ben Cohen.

Le 17 mai 1999 à Jefferson Parish, près de La Nouvelle Orléans, Michael, qui se drogue à la cocaïne, poignarde quarante fois avec divers ustensiles dont un tournevis et un crayon un de ses amis, Rafael Santos, un immigré cubain, pour lui voler sa collection de CD.

Lors de son procès, il a démenti avoir eu le projet de l'assassiner. Mais le jury a reconnu la préméditation et l'a condamné à mort. "Une condamnation politique", ont dénoncé les avocats de Michael en expliquant la sévérité du verdict pour des "raisons raciales". "L'avocat général de Louisiane voulait envoyer un blanc au quartier des condamnés à mort" pour faire oublier que presque tous les condamnés à mort de Louisiane sont noirs, a affirmé Ben Cohen.
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