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Pas de sursis pour un Canadien condamné à mort au Montana

dépêche de presse du 7 janvier 2013 - Presse Canadienne
La Presse Canadienne - Calgary - Le gouverneur sortant du Montana, Brian Schweitzer, n'accordera pas un sursis de dernière minute au condamné à mort canadien Ronald Smith, lundi, a indiqué un avocat proche du dossier.

Smith, âgé de 55 ans, et ses avocats espéraient que le gouverneur Schweitzer, un démocrate qui a bouclé son deuxième mandat lundi, puisse faire preuve de clémence dans un de ses derniers gestes à ce poste.

Cette décision ne signifie pas que Ronald Smith, originaire de Red Deer en Alberta, soit exécuté prochainement. La responsabilité incombera maintenant à son successeur, Steve Bullock, qui doit prêter serment ce lundi comme nouveau gouverneur du Montana.

Smith a été condamné à mort après avoir admis qu'il avait tué deux hommes, Thomas Mad Man et Harvey Running Rabbit, près d'East Glacier, dans le Montana, en 1982.

«Je suis quelque peu surpris, et un peu déçu», a admis Ron Waterman, de l'Union américaine des libertés civiles, en entrevue à La Presse Canadienne.

«C'est comme une oeuvre qui n'a pas été terminée. La pétition sera transférée au bureau du nouveau gouverneur, qui déterminera ensuite s'il souhaite s'y plier ou en faire fi.»

M. Bullock, tout comme M. Schweitzer, est un démocrate qui a passé les quatre dernières années à occuper le poste de procureur général du Montana. Il a publiquement déclaré qu'il appuyait la peine de mort, mais n'est pas considéré comme l'un de ses plus fervents partisans.

«Dans certaines circonstances, j'appuie personnellement la peine de mort», avait reconnu M. Bullock, qui est âgé de 46 ans, en mai dernier en réponse à un sondage de la «Billings Gazette'.

M. Bullock a aussi tenté de freiner les efforts des lobbyistes qui militaient auprès de l'assemblée législative du Montana afin d'abolir la peine de mort, a précisé M. Waterman.

Un appel placé au bureau de M. Bullock lundi visant à obtenir des commentaires de sa part à propos du dossier Smith n'a pas été retourné.

Ce dernier a indiqué que le gouverneur Schweitzer a peut-être hésité en recevant la demande de clémence en raison d'une importante poursuite civile impliquant l'Union américaine des libertés civiles.

En septembre dernier, le juge de la cour de district du Montana Jeffrey Sherlock avait décidé de suspendre toutes les exécutions en déclarant la méthode d'exécution de l'État inconstitutionnelle, cruelle et inhumaine. M. Sherlock a indiqué que l'assemblée législative de l'État avait besoin de revoir ses façons de faire afin que le protocole d'exécution respecte la constitution du Montana - ce que le bureau du procureur général souhaite à tout prix éviter. L'État a persuadé M. Sherlock d'écouter les arguments favorables aux modifications du processus d'exécution, sans toutefois devoir passer devant l'assemblée législative.

«Je crois que le gouverneur pourrait simplement avoir étudié l'enjeu et s'être dit: «Pourquoi devrais-je faire quelque chose qui ne demande pas mon intervention immédiate? Si je ne fais rien, je pourrais laisser traîner le dossier pendant encore quatre ou cinq ans'», a dit M. Waterman.

L'avocat de Smith, Don Vernay, a dit que la décision de M. Schweitzer d'emprunter le chemin le plus facile le «rendait malade».

«Il a emprunté la voie du politicien», a mentionné M. Vernay, qui pratique le droit à Albuquerque, au Nouveau-Mexique. «Il avait d'abord dit qu'il n'attendrait pas jusqu'à la fermeture de son bureau afin de régler le dossier, mais visiblement il parlait à travers son chapeau.»

M. Waterman a dit qu'il avait été informé lundi matin par le cabinet du gouverneur sortant qu'il n'y aurait pas d'annonce en ce sens. Smith a d'abord demandé la peine de mort, mais peu de temps après, il a changé d'avis et lutte pour rester en vie depuis.

Il avait offert un vibrant plaidoyer lors de son audience pour demander la clémence des autorités en mai dernier, au cours duquel il avait notamment dit «être terriblement désolé» de ses gestes.

Ses excuses sont toutefois tombées dans l'oreille d'un sourd. Une par une, les familles des victimes ont demandé que Smith soit exécuté pour les meurtres.

Le gouvernement canadien avait envoyé, à contrecoeur, une lettre en décembre 2011 à la Commission de la clémence et des libérations conditionnelles du Montana afin de demander que la clémence lui soit accordée. Puis, le mois dernier, le ministre des Affaires étrangères John Baird en a envoyé une autre à M.Schweitzer. La lettre était pratiquement identique à la première et soulignait que la Cour fédérale avait ordonné au gouvernement d'appuyer la demande de clémence de Smith.
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