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Ouganda : l'UE «regrette» l'adoption d'une loi contre l'homosexualité

dépêche de presse du 20 décembre 2013 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Ouganda
Thème :
L'Union européenne a «regretté» vendredi l'adoption par le Parlement ougandais d'un projet de loi durcissant drastiquement la répression de l'homosexualité et exhorté les autorités du pays à «faire respecter le principe de non-discrimination». Le texte prévoit notamment la prison à perpétuité pour les récidivistes.

«La mise en oeuvre de cette loi contreviendrait aux principes essentiels de non-discrimination inscrits dans la Convention internationale sur les droits civils et politiques et dans la Charte africaine des droits de l'Homme», toutes deux ratifiées par l'Ouganda, a ajouté la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. «J'exhorte les autorités ougandaises de s'assurer du respect du principe de la non-discrimination, garanti par la constitution ougandaise, et de préserver un climat de tolérance pour toutes les minorités» dans le pays, conclut-elle.

Le Parlement ougandais a adopté vendredi un projet de loi durcissant la répression de l'homosexualité et prévoyant la prison à perpétuité pour les récidivistes. «C'est une victoire pour l'Ouganda. Je suis heureux que le Parlement ait voté contre le mal», bien que le projet ait été largement critiqué dans les démocraties occidentales et par les défenseurs des droits de l'homme, a déclaré à l'AFP le député à l'origine de la nouvelle législation, David Bahati.

Le texte a été voté à une majorité écrasante dans un pays profondément marqué par le christianisme. «Parce que nous sommes une nation qui craint Dieu, nous accordons une valeur holistique à la vie. C'est en raison de ces valeurs que les parlementaires ont adopté le projet de loi, quelle que soit l'opinion du monde extérieur», a dit David Bahati.

Il a ajouté qu'une clause extrêmement controversée sur la peine de mort avait été supprimée de la version finale. La nouvelle loi doit maintenant être soumise au président Yoweri Museveni. Le projet qui remonte à 2009 avait été mis entre parenthèses après une levée internationale de boucliers. Le président américain Barack Obama l'avait qualifié d'«odieux».

Le texte prévoyait à l'origine d'introduire la peine de mort pour quiconque serait surpris pour une seconde fois au cours d'un acte homosexuel, de même que pour des rapports dont un des partenaires serait mineur ou porteur du virus VIH du sida.

La porte-parole du Parlement, Hellen Kaweesa, a souligné que les changements avaient permis l'adoption du projet de loi par une majorité de députés. L'homosexualité est déjà interdite en Ouganda, mais la nouvelle loi durcit les peines et criminalise la promotion publique de l'homosexualité, y compris les discussions de groupes militants.

L'homophobie est très répandue dans un pays où le christianisme protestant de style américain fait de nouveaux adeptes. Les hommes et femmes homosexuels y sont fréquemment soumis à des menaces ou subissent des violences.

Des militants des droits de l'homme y ont rapporté des cas de viols collectifs de lesbiennes. En 2011, un militant des droits des homosexuels, David Kato, avait été poignardé à mort à son domicile après la publication dans un journal de noms, photos et adresses d'homosexuels vivant en Ouganda sous le titre: «Pendez-les».

Le vote de vendredi a provoqué de vives réactions. «Je suis officiellement dans l'illégalité», a commenté le militant gay Frank Mugisha après le vote. Leslie Lefkow de Human Rights Watch a appelé le président Museveni «à ne pas signer la loi anti-homosexuelle abjecte qui vient d'être adoptée».

Le texte a été voté au lendemain d'une autre législation anti-pornographie qui interdit tout ce laisserait voir des zones érogènes «comme les seins, les cuisses, les fesses». Il interdit aussi tout comportement érotique dont l'intention est de provoquer une excitation sexuelle ou tout acte indécent ou comportement tendant à «corrompre les mœurs» et proscrit les vêtements «provocateurs».

Les spectacles d'artistes dénudés seront de ce fait interdits à la télévision ougandaise et ce que les internautes regardent sur Internet sera soumis à surveillance. L'an dernier, le président Museveni avait provoqué un scandale en déclarant à des collégiennes de «porter un cadenas sur ses parties intimes» jusqu'au mariage.
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