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Exécution d'une femme aux États-Unis, la 14e depuis 1976

dépêche de presse du 5 février 2014 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Texas
Thèmes :
Suzanne Basso
(Agence France-Presse) Washington - Une Américaine a été exécutée mercredi soir au Texas pour le meurtre de son compagnon handicapé mental, devenant la quatorzième femme à être mise à mort depuis 1976 aux États-Unis.

Suzanne Basso, 59 ans dont 14 dans le couloir de la mort, a été déclarée décédée à 18h26 locales à Huntsville, au Texas, a indiqué à l'AFP une porte-parole des autorités pénitentiaires de l'État.

La condamnée, qui était paralysée des membres inférieurs, a succombé 18 minutes après le début de la procédure, mais 11 minutes après le début de l'injection létale du pentobarbital, a ajouté cette porte-parole.

Cette femme pesait plus de 160 kilos au moment de son arrestation en septembre 1999 mais avait perdu du poids en prison, où elle était confinée dans un fauteuil roulant à la suite d'une maladie dégénérative.

Elle avait été condamnée à mort il y a 14 ans pour le meurtre en réunion, avec violences et actes de torture de son compagnon, dans le but de bénéficier de son assurance-vie.

Louis «Buddy» Musso, un handicapé mental de 59 ans, qui était venu du New Jersey dans le but de l'épouser, avait été brûlé avec des cigarettes et battu à mort avec ceintures, battes de baseball et bottes ferrées avec la complicité de cinq personnes. Son corps méconnaissable, présentant de multiples commotions et fractures, avait été retrouvé sur le bord d'une route près de Houston, en août 1998, selon des documents judiciaires.

Tous les recours de Suzanne Basso avaient échoué au fil des ans, jusqu'à l'ultime rejet de la Cour suprême des États-Unis, à deux heures de l'exécution.

Jusqu'au bout, son avocat Winston Cochran avait argué de son irresponsabilité pénale pour demander à la haute Cour de lui épargner l'exécution et de commuer sa peine.

Il avait plaidé de sa «longue histoire de pensées délirantes et de troubles mentaux» qui n'a jamais été présentée au procès, selon son appel devant la Cour suprême.

«Elle a eu une enfance terrible, elle délire depuis longtemps, elle a été violée, elle a grandi dans la pauvreté... Sa condamnation aurait dû être commuée il y a des années», a déclaré Me Cochran à l'AFP.

En outre, il y avait six accusés, tous condamnés à de la prison sauf elle, alors que rien ne prouve qu'elle a porté le coup fatal, a-t-il ajouté. «Elle était franchement obèse, acariâtre, pas séduisante du tout. Depuis le début, (l'accusation) a soutenu la théorie qu'elle était la chef du groupe», a estimé l'avocat.

«L'exécution d'une femme est troublante»

Suzanne Basso est la quatorzième femme mise à mort aux États-Unis, dont cinq au Texas, sur 1366 exécutions depuis le rétablissement de la peine capitale dans le pays en 1976.

Le phénomène est «assez rare», selon le Centre d'information sur la peine capitale (DPIC), qui compile toutes les données sur la peine de mort aux États-Unis.

Au 1er janvier 2013, les femmes représentaient, avec 60 prisonnières, à peine 2% de la population totale dans le couloir de la mort, et près de 3% du total des exécutions perpétrées depuis 1608 aux États-Unis, 9% si l'on se cantonne aux trois dernières décennies, selon le DPIC.

«Les chiffres sont faibles car généralement les femmes ne commettent pas souvent le type de meurtre aggravé requis pour la peine capitale», a dit à l'AFP Richard Dieter, directeur du DPIC.

Les femmes représentent 10% des arrestations pour meurtres mais à peine plus de 2% des condamnations à mort prononcées en première instance.

«L'exécution d'une femme est troublante car la peine de mort est prévue pour protéger l'innocence», qui est généralement féminine, a écrit Joan Howarth, professeur de droit à l'Université du Michigan.

«La peine capitale, c'est habituellement des hommes qui tuent des hommes», a-t-elle ajouté dans un article de 2002. Car «mettre quelqu'un à mort est le travail d'un homme. Etre mis à mort est en grande majorité réservé aux hommes, mais certaines femmes ont été jugées aptes à tenir ce rôle à travers l'Histoire».

L'avant-dernière femme à avoir été exécutée est Kimberly McCarthy, une ancienne toxicomane afro-américaine de 52 ans, mise à mort fin juin 2013 au Texas, pour le meurtre sauvage d'une vieille dame.
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