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Arabie: le bond des exécutions contraste avec la tendance mondiale (rapporteur Onu)

dépêche de presse du 27 mai 2015 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Arabie Saoudite
Le bond des exécutions en Arabie saoudite est "très troublant" et contraste avec la tendance mondiale qui est à une diminution de l'application de la peine de mort, a relevé mercredi un rapporteur des Nations unies. Christof Heyns, rapporteur spécial de l'Onu sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a fait cette déclaration à l'AFP alors que le nombre de décapitations en Arabie (89) a déjà dépassé en cinq mois cette année l'ensemble de celles menées en 2014 (87).

"Il est très troublant d'avoir un tel rythme rapide d'exécutions", a dit M. Heyns, interrogé au téléphone en Afrique du sud. "Si ça continue, le nombre d'exécutions doublera, voire plus", par rapport à l'année dernière, s'est-il inquiété. M. Heyns soumet des rapports annuels au Conseil des droits de l'Homme et à l'Assemblée générale des Nations unies. Il a relevé que le recours à la peine de mort en Arabie saoudite était en "inadéquation totale" avec la tendance mondiale qui va au contraire vers une diminution. "Cela va dans le sens inverse. C'est à contre-courant", a-t-il dit. M. Heyns, professeur de droits humains à l'Université de Pretoria, a rappelé des statistiques indiquant que, l'année dernière, l'Arabie saoudite figurait au troisième rang mondial des pays appliquant le plus la peine de mort derrière la Chine et l'Iran.

Selon la loi internationale, si la peine de mort est imposée, cela devrait concerner uniquement des meurtres. Or, en Arabie saoudite, a-t-il dit, "plus de la moitié" des exécutions concernent d'autres motifs. Outre le meurtre, les viols, les vols à main armée, l'apostasie et le trafic de drogue sont passibles de la peine capitale dans le royaume ultra-conservateur saoudien, régi par une version rigoriste de la loi islamique.

"Il semble que de nombreux procès se déroulent dans le secret et que des avocats ne soient pas disponibles", a encore déploré M. Heyns, ajoutant que les conditions ne sont pas réunies pour des "procès équitables, selon les normes" internationales. Le ministère saoudien de l'Intérieur invoque la dissuasion comme argument pour justifier les décapitations.
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