Plan du site

Londres n'extradera pas Abou Hamza s'il risque la peine de mort

dépêche de presse du 28 mai 2004 - Agence mondiale d'information - AFP
Thème :
Londres - La Grande-Bretagne n'autorisera pas l'extradition vers les Etats-Unis de l'imam radical Abou Hamza al-Masri, à moins que Washington s'engage à ce qu'il ne soit pas condamné à mort, a déclaré vendredi le ministre de l'Intérieur David Blunkett.

"Nous savons tous qu'il est nécessaire de parvenir à un accord sur cette extradition et cela signifie qu'il y doit y avoir un engagement (de Washington) selon lequel, quelle que soit la peine prononcée, ce ne sera pas la peine de mort", a déclaré M. Blunkett. Le ministre de l'Intérieur accompagnait le Premier ministre Tony Blair en campagne pour les élections européennes et locales, à Sheffield (nord de l'Angleterre).

Le sort d'Abou Hamza, arrêté jeudi à la demande de Washington, suscitait un début de polémique vendredi en Grande-Bretagne, des représentants modérés de la communauté musulmane mettant eux-mêmes en doute la possibilité d'un procès équitable aux Etats-Unis pour cet imam radical.

"Abou Hamza peut-il encore bénéficier d'un procès équitable aux Etats-Unis, alors qu'il a été en partie diabolisé", s'inquiétait vendredi Iqbal Sacranie, le pourtant très modéré secrétaire général du Conseil musulman de Grande-Bretagne.

"Nous assistons en fait au cas d'une personne utilisée pour diaboliser l'ensemble de la communauté musulmane et maintenant, nous avons en plus le sentiment que cette personne est utilisée pour priver de ses droits une communauté entière", s'est insurgé M. Sacranie, refusant que l'ancien imam de la mosquée salafiste de Finsbury Park, au nord de Londres, "soit traité différemment en raison de sa rhétorique et de ses remarques dans le passé".

Abou Hamza al-Masri, 46 ans, connu pour avoir notamment qualifié Oussama ben Laden de "type bien" et comparé George W. Bush à Gengis Khan, a été arrêté jeudi matin par les autorités britanniques, à la suite d'une demande d'extradition américaine pour des faits de terrorisme.

Une interpellation qui a secoué l'ensemble de la communauté musulmane britannique. M. Hamza "est seulement coupable parce qu'il est musulman et parce qu'il s'oppose à la politique étrangère américaine et britannique", a ainsi assuré vendredi Omar Mohammed Bakri, le chef d'al-Mouhadjiroun, un groupe fondamentaliste musulman basé à Londres. "Ce n'est pas un crime de partager les convictions d'Oussama ben Laden", a plaidé M. Bakri, estimant qu'"Abou Hamza et de nombreux activistes musulmans en Grande-Bretagne sont l'objet des manipulations des médias, qui en ont fait les ennemis publics n°1".
Partager…