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Au Yémen, les journalistes sont attaqués de toutes parts, déplore Michelle Bachelet

communiqué de presse du 6 août 2020 - Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU
Pays :
peine de mort / Yémen
Un nombre sans précédent de violations des droits et d'abus contre les journalistes sont perpétrés par toutes les parties au conflit armé au Yémen, a déploré jeudi la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).
« Les journalistes sont attaqués de toutes parts », a affirmé Michelle Bachelet dans un communiqué.

Le nombre élevé de violations des droits des journalistes dans ce pays déchiré par la guerre comprend des assassinats, des disparitions et des condamnations à mort en violation du droit international relatif aux droits de l'homme.

Depuis le début du mois d'avril, le HCDH a recensé un assassinat et un enlèvement, trois cas d'arrestation et de détention arbitraires, la condamnation à mort de quatre journalistes - en violation du droit international relatif aux droits de l'homme - et l'emprisonnement de six autres, trois agressions physiques et des menaces de violence physique.

« Ils sont tués, battus et disparaissent ; ils sont harcelés et menacés ; et ils sont emprisonnés et condamnés à mort pour avoir simplement essayé de mettre en lumière la brutalité de cette crise », a déploré Mme Bachelet.

De mal en pire

La situation dégénère « de mal en pis », a déclaré la cheffe des droits de l'homme de l'ONU, ajoutant que le Yémen, ébranlé par des années de combats entre les forces pro-gouvernementales et les rebelles houthis pour le contrôle de la nation arabe, demeure la plus grande crise humanitaire du monde.

« Les personnes chargées de rendre compte des atrocités commises pendant le conflit armé et de la douleur et des souffrances endurées par les civils sont elles-mêmes prises pour cibles », a-t-elle souligné.

Les journalistes détenus

Entre autres incidents, le 11 avril, la Cour pénale spécialisée de la capitale Sanaa, tenue par les Houthis, a condamné quatre journalistes à mort et six autres à la prison, pour « publication et rédaction d'informations, de déclarations, de rumeurs fausses et malveillantes et de propagande dans l'intention d'affaiblir la défense de la patrie, d'affaiblir le moral du peuple yéménite, de saboter la sécurité publique, de répandre la terreur parmi les gens et de nuire aux intérêts du pays ».

Dans un communiqué de presse, le HCDH a déclaré que malgré l'appel en cours de la condamnation devant la division d'appel de la Cour, les inquiétudes grandissent quant à la possibilité que les autorités de facto exécutent la peine de mort prononcée contre les quatre journalistes.

Au cours de leurs cinq années de détention, les quatre journalistes se sont vu refuser les visites de leur famille, l'accès à leur avocat et aux soins de santé, tout en étant exposés à « la possibilité d'être torturés et soumis à des traitements cruels, inhumains et dégradants », a déclaré le HCDH.

En avril, la Cour pénale spécialisée a ordonné que les six autres journalistes emprisonnés soient libérés et placés sous surveillance policière. Un seul a été libéré depuis, a précisé le Bureau.

Le 2 juin, le photojournaliste de l'Agence France Presse (AFP) Nabeel Al-Qitee'e a été assassiné devant sa maison dans le district de Dar Sa'ad, gouvernorat d'Aden, par des tireurs non identifiés, a déclaré le HCDH. Il avait fait un reportage sur les affrontements entre le gouvernement et le Conseil de transition du Sud à Abyan.

Les violations abondent

Depuis le début du conflit en mars 2015, le HCDH a documenté 357 violations des droits de l'homme et abus contre des journalistes, dont 28 meurtres, deux disparitions forcées, un enlèvement, 45 agressions physiques et 184 arrestations et détentions arbitraires.

Il y a eu 16 décès ou menaces de violence physique contre des journalistes, 24 saisies d'organisations de médias, 26 fermetures de chaînes de télévision et de sociétés de presse, 27 attaques contre des organisations de médias et le domicile de journalistes, et quatre condamnations à mort de journalistes, en violation du droit international des droits de l'homme.

« La sécurité des journalistes est essentielle aux droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels de nous tous et, dans le contexte d'un conflit armé, ils jouent un rôle vital en révélant la vérité et en obligeant les parties au conflit à rendre des comptes publiquement », a déclaré Mme Bachelet, appelant tous ceux qui participent aux combats à « libérer les journalistes détenus, et à enquêter et punir les responsables des attaques et des menaces contre les journalistes ».

La Haute-Commissaire a souligné que les journalistes sont également protégés par le droit humanitaire international en tant que civils et que les attaques contre eux « peuvent constituer des crimes de guerre ».

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