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Une exécution prévue malgré les doutes sur la culpabilité du condamné

dépêche de presse du 18 novembre 2021 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Oklahoma
Thèmes :
John Marion Grant Julius Jones Clayton Lockett Charles Warner
(Washington) Malgré la mobilisation de millions de personnes qui doutent de sa culpabilité, les autorités de l'État américain d'Oklahoma se préparent à exécuter jeudi Julius Jones, un Afro-Américain de 41 ans, en utilisant un protocole létal controversé.

« C'est la machine froide de la peine de mort aux États-Unis », a dénoncé sur Twitter la vedette de téléréalité Kim Kardashian qui le soutient depuis plusieurs années. « Mon cœur souffre pour Julius et tant d'autres victimes de déni de justice », a-t-elle ajouté.

Comme elle, l'actrice Kerry Washington, mais aussi six millions et demi de signataires d'une pétition sur l'internet ont demandé au gouverneur de l'État Kevin Stitt d'intervenir avant 16 h, heure fixée pour son exécution.

L'élu républicain n'a pour l'instant pas répondu, bien que le bureau des grâces d'Oklahoma, soulignant les failles dans le dossier, ait recommandé à deux reprises de commuer sa peine en rétention à perpétuité.

Julius Jones a été condamné en 2002 à la peine capitale pour le meurtre d'un homme d'affaires blanc, Paul Howell, qu'il a toujours nié. Il assure avoir été piégé par l'auteur du crime, avoir été mal défendu par ses premiers avocats, et avoir fait l'objet de discrimination lors du procès.

Ses recours en justice ont tous été rejetés et la famille de M. Howell, notamment sa fille, reste convaincue de sa culpabilité.

Les failles dans le dossier ont fait l'objet d'une série documentaire et d'un podcast, et fait basculer en sa faveur une partie de l'opinion.

Mercredi encore, des centaines de lycéens sont sortis de leur établissement en Oklahoma pour protester et tenter de faire plier le gouverneur. Des manifestants ont également campé près de sa résidence ces dernières nuits, selon la chaîne locale Koco.

« Si vous pensez qu'il est coupable, organisez un procès équitable. Refaites-le et faites-le bien », a lancé sa mère Madeline Davis-Jones mercredi lors d'une conférence de presse.

Vomissements

À quelques heures de l'échéance, l'avocate de Julius Jones a lancé un dernier appel. « Nous espérons que le gouverneur empêche l'exécution d'avoir lieu, compte tenu des nombreuses inquiétudes sur le protocole d'exécution et le dossier de M. Jones », a déclaré Me Amanda Bass.

Au-delà des doutes sur sa culpabilité, l'exécution suscite des interrogations, car Julius Jones doit recevoir un cocktail létal de trois substances soupçonné de causer d'atroces souffrances.

L'Oklahoma, un état rural et conservateur du sud des États-Unis, a renoué le 29 octobre avec les exécutions, après six ans de pause, en faisant usage de ce protocole controversé.

John Grant, un Afro-Américain de 60 ans, a été secoué par des vomissements et des convulsions après la première injection, ont rapporté les journalistes témoins de la scène.

Les services pénitentiaires ont assuré qu'il n'y avait « pas eu de complication », mais plusieurs voix ont dénoncé une violation de la Constitution américaine, qui interdit les « peines cruelles ».

Le protocole contesté combine un sédatif, le midazolam, et un anesthésiant, censés empêcher la douleur avant l'injection de chlorure de potassium à dose létale. Il avait été utilisé en 2014 pour exécuter Clayton Lockett, mais le condamné avait agonisé pendant 43 minutes dans d'apparentes souffrances.

En 2015, un autre condamné, Charles Warner, s'était plaint que son « corps brûlait » avant de s'éteindre, les bourreaux ayant utilisé un produit non conforme. La même erreur avait failli être reproduite en septembre 2015 et une exécution avait été reportée in extremis.

À la suite de ces ratés, un grand jury avait ouvert une enquête et les autorités avaient accepté de suspendre l'application de la peine capitale. En 2020, elles ont finalisé un nouveau protocole et ont fixé en 2021 plusieurs dates d'exécution.

Après Julius Jones, l'État a prévu cinq autres exécutions d'ici mars.
(Charlotte Plantive)
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