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Jakarta défend les exécutions de condamnés, morts en chantant

dépêche de presse du 29 avril 2015 - Agence Télégraphique Suisse - ATS
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L'Indonésie a défendu mercredi l'exécution de huit condamnés à mort dont sept étrangers. Elle a évoqué une "guerre" contre le trafic de drogue sur fond de vives critiques internationales, tandis que des témoins ont rapporté que les détenus étaient morts en chantant.

Je voudrais dire qu'une exécution n'est pas une tâche plaisante, mais nous devons l'accomplir pour sauver la nation du danger des drogues", a déclaré le procureur général indonésien, Muhammad Prasetyo, à des journalistes dans le port de Cilacap, voie d'accès à l'île de Nusakambangan, où se trouve la "prison de la mort".

"Nous menons une guerre contre les horribles crimes liés à la drogue qui menacent la survie de notre nation", a-t-il ajouté. Le président indonésien, Joko Widodo, a de son côté insisté sur "l'application de loi" contre le trafic de drogue passible de la peine capitale en Indonésie, comme dans d'autres pays d'Asie du Sud-Est.

Deux Australiens, un Brésilien, quatre Africains et un Indonésien ont été fusillés dans la nuit au complexe pénitentiaire de Nusakambangan, "l'Alcatraz indonésien". Une jeune mère de famille philippine a obtenu un sursis au dernier moment , après qu'une personne soupçonnée de l'avoir recrutée pour transporter de la drogue en Indonésie s'est rendue aux autorités aux Philippines.

Condamné à mort lui aussi pour trafic de drogue, le Français Serge Atlaoui, 51 ans, avait été retiré de la liste des exécutions la semaine dernière en raison d'un recours administratif en justice lui permettant d'obtenir un sursis fragile.

Pour protester contre l'exécution de ses deux ressortissants, l'Australie a annoncé le rappel de son ambassadeur. Le Brésil a fait part de sa "profonde consternation" après l'exécution de son ressortissant pour lequel les autorités avaient demandé la clémence en indiquant qu'il était schizophrène.

Les huit hommes exécutés ont apparemment tous refusé d'avoir les yeux bandés comme ils en avaient la possibilité et ont chanté des hymnes peu avant d'être fusillés par un peloton d'exécution dans une clairière au milieu de la jungle, selon un pasteur qui était présent.

A l'approche de minuit, des partisans en larmes ont aussi chanté des hymnes et tenu des bougies en l'air au cours d'une veillée à Cilacap.

Le sursis accordé à la Philippine a été accueilli comme un "miracle" et un cadeau de Dieu aux Philippines, mais le procureur général Prasetyo a d'ores et déjà prévenu qu'il s'agissait seulement d'un "report" pour permettre des investigations.

Il a minimisé la décision de Canberra de rappeler son ambassadeur, estimant qu'il s'agissait d'une "décision temporaire". "Nous ne faisons pas des ennemis de pays d'où venaient les exécutés. Nous luttons contre les crimes liés à la drogue", a-t-il souligné.

La cheffe de la diplomatie indonésienne Retno Marsudi a pour sa part insisté sur sa volonté de "continuer à avoir de bonnes relations" avec ce pays qui est l'un de ses principaux partenaires commerciaux.

De son côté, la France a réagi en rappelant "son opposition à la peine de mort, en tous lieux et en toutes circonstances" et s'est dit "solidaire avec les pays" des étrangers exécutés. Paris "demeure totalement mobilisé en faveur de Serge Atlaoui, dont la situation reste très préoccupante", a ajouté le Quai d'Orsay.

D'autres exécutions sont envisagées en Indonésie après celles de mercredi et du mois de janvier. Six condamnés à mort pour trafic de drogue, dont cinq étrangers, avaient alors été fusillés.

Intransigeant sur l'application de la peine de mort pour trafic de stupéfiants, le président Widodo avait rejeté toutes les demandes de grâce de condamnés à mort, peine qui doit être selon lui appliquée pour de tels "crimes". Une position défendue par près de 85% de la population, selon un récent sondage.
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